Indignés espagnols: Pablo Iglesias élu à la tête de Podemos
•Les militants de Podemos, jeune parti d'extrême gauche issu du mouvement des Indignés en Espagne ont confirmé Pablo Iglesias, 36 ans, à la tête du mouvement, à l'issue d'un vote dont les résultats ont été annoncés samedi.© 2014 AFP
Les militants de Podemos, jeune parti d'extrême gauche issu du mouvement des Indignés en Espagne ont confirmé Pablo Iglesias, 36 ans, à la tête du mouvement, à l'issue d'un vote dont les résultats ont été annoncés samedi.
Pablo Iglesias a été élu secrétaire général avec 88,7% des suffrages (95.311 voix sur 107.488), a annoncé un porte-parole du parti, applaudi par près d'un millier de militants, en majorité trentenaires, dans un théâtre madrilène.
«Les vraies difficultés commencent maintenant (...), et quand nous remporterons les élections (législatives) de novembre» 2015, a dit Pablo Iglesias dans un long discours.
«Quand on vous insultera, quand on vous mentira, quand on criera, quand on vous diffamera, souriez car nous allons gagner», a promis ce professeur de Science politique charismatique.
«La peur a changé de camp, et le sourire aussi», a-t-il ajouté, faisant référence aux sondages qui montrent une ascension fulgurante de Podemos depuis sa création en janvier, le plaçant en troisième position derrière les deux forces traditionnelles, le Parti populaire (droite au pouvoir) et le Parti socialiste, voire premier.
Faisant allusion à la Catalogne en pleine poussée indépendantiste, il a dénoncé «une conception agressive de l'Espagne» des conservateurs au pouvoir, se prononçant en faveur d'une réforme de la Constitution de 1978, comme le propose le Parti socialiste.
Podemos a su attirer les voix du mouvement des indignés qui avait occupé plusieurs mois une place du centre de Madrid pour dénoncer la corruption et la crise, alliant organisations d'extrême gauche et des personnalités non alignées.
A la surprise générale en Espagne, il a obtenu aux Européennes de mai cinq sièges de députés, dont un pour Pablo Iglesias, professeur de Sciences politiques.
Le mouvement, dont le cheval de bataille est la corruption de la «caste» des élites et l'austérité, a depuis poursuivi son développement en tant que parti, s'alliant avec d'autres mouvements de gauche au parlement européen pour réclamer notamment une restructuration de la dette des pays en difficulté.
«Nous représentons la majorité. Les financiers ne sont rien sans la peur (...)», a lancé, en espagnol, le chef du Parti de gauche français, Jean-Luc Mélenchon dans un message vidéo diffusé au public.
«Nous allons organiser une conférence européenne sur la dette pour obtenir une restructuration» des dettes des pays comme l'Espagne, la Grèce, le Portugal et l'Irlande, afin de donner de l'oxygène à leurs finances pour renforcer les programmes sociaux, a affirmé Alexis Tsipras, dirigeant de la Gauche radicale grecque Syriza, principal parti d'opposition en Grèce, venu apporter son soutien.
«Ces prochaines années on va réécrire l'histoire européenne», a-t-il assuré, en promettant «un new deal européen».
Dans la foule, les militants applaudissaient et criaient «Si se puede» (à la manière du «yes we can» américain).
Une détermination partagée par Monica Garcia, médecin de 40 ans de Madrid. «Nous avons passé de nombreuses années endormis, nous laissant mener par des politiques sans nous impliquer vraiment. Maintenant c'est fini».