CONFLITKobané: Les peshmergas entrent dans la bataille

Kobané: Les peshmergas entrent dans la bataille

CONFLITCependant, il n’est pas sûr que les renforts constitués par les combattants kurdes d’Irak et une cinquantaine de membres de l’Armée Syrienne Libre (ASL) fassent totalement basculer la situation...
Un combattant peshmerga kurde sur la ligne de front dans le nord de l'Irak, le 5 octobre 2014
Un combattant peshmerga kurde sur la ligne de front dans le nord de l'Irak, le 5 octobre 2014 - Safin Hamed AFP
Bérénice Dubuc

Bérénice Dubuc

La relève tant attendue va-t-elle faire basculer la situation à Kobané? Quelque 150 peshmergas irakiens sont arrivés ce week-end en renfort dans la troisième ville kurde de Syrie, en proie depuis le 16 septembre à une vaste offensive des djihadistes de l’organisation islamiste Daesh.

Les combattants kurdes d’Irak, arrivés vendredi après que la Turquie a enfin accepté de les laisser transiter par sa frontière avec la Syrie, ont pris part aux combats depuis lundi. Ils se sont joints au petit groupe d’une cinquantaine de combattants de l’Armée Syrienne Libre (ASL), arrivé mercredi dans la ville. Les deux forces ont travaillé de concert, visant les positions des djihadistes de Daesh à l’ouest de la ville, selon un communiqué des Unités de protection du peuple (YPG, émanation syrienne du PKK).

Soutien aérien

Les peshmergas se sont également déployés derrière les forces kurdes syriennes et les soutiennent avec des tirs d'artillerie et de mortier, a précisé à Reuters un journaliste à l'intérieur Kobané. Les renforts peshmergas sont en effet équipés de lance-roquettes, de fusils automatiques et de mortiers. Pourtant, Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), a jugé auprès de l’AFP que si le déploiement des renforts irakiens pourrait donner un coup de pouce aux YPG, leurs armes ne suffiraient pas pour faire face à des djihadistes, mieux équipés.

La bataille de Kobané a été lancée à la mi-septembre par les djihadistes, qui ont progressé sans difficulté à travers la région, s'emparant de près de 70 villages sur le chemin de Kobané, où ils sont entrés le 6 octobre. Mais, une fois en terrain urbain, leur progression rapide, rendue possible par l’utilisation de chars probablement saisis à l'armée irakienne lors de la prise de Mossoul (Irak), s'est ralentie. Les djihadistes se sont en effet heurtés à la résistance des YPG, qui ont l'avantage du terrain et pratiquent la guérilla urbaine, notamment de nuit, malgré un nombre de combattants et une puissance de feu bien inférieure.

Les forces kurdes ont également pu résister aux assauts des djihadistes pendant ces près de 50 jours de combats grâce au soutien aérien quotidien de la coalition dirigée par les Etats-Unis. Ces raids, dirigés contre des positions de l'EI autour de la ville, se sont poursuivis ce week-end et en début de semaine.

Lourdes pertes

Mais, malgré tout, les djihadistes continuent d’infliger de lourdes pertes aux forces kurdes. Des sources hospitalières turques ont ainsi indiqué à Reuters une augmentation du nombre de blessés et de tués, transportés depuis Kobané via la frontière turque, située à quelques centaines de mètres au nord de la ville. Ainsi, l’arrivée des renforts peshmergas n’augure pas avec certitude une issue victorieuse pour les Kurdes à Kobané, les djihadistes recevant eux aussi de nombreux renforts depuis le début de l’offensive. Selon l’OSDH, quelque 3.000 à 4.000 djihadistes livrent combat à environ 1.500 à 2.000 membres des YPG.

«Nous sommes satisfaits de l'arrivée des peshmergas irakiens mais nous avons besoin de plus de combattants, de plus d'armes et la frontière (avec la Turquie) doit être complètement ouverte» pour permettre aux Kurdes qui le veulent d'aller aider à libérer leur ville, a jugé auprès de l’AFP Mustafa Ebdi, un militant kurde originaire de Kobané.