Bolivie: Evo Morales écarte toute réforme de la Constitution

Bolivie: Evo Morales écarte toute réforme de la Constitution

Le président socialiste Evo Morales, réélu dimanche pour la ...
© 2014 AFP

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Le président socialiste Evo Morales, réélu dimanche pour la troisième fois consécutive à la tête de la Bolivie, a écarté mardi toute réforme de la Constitution et de nouvelles nationalisations, dans un entretien avec des médias internationaux, dont l'AFP.



QUESTION : L'opposition craint qu'avec le contrôle du Parlement, s'il se confirme que vous obtenez les deux tiers des sièges, vous ne cédiez à la tentation de changer la Constitution pour être réélu après ce nouveau mandat de cinq ans. Qu'en est-il ?

REPONSE : «Notre programme est un programme d'Etat, pas un programme de gouvernement ou d'un président. Celui qui viendra après 2020 doit mettre en oeuvre ce programme patriotique et donc il n'est pas nécessaire que Evo soit président jusqu'en 2025. Nous n'envisageons pas une réforme de la Constitution. En tant que parti, en tant que mouvement politique, on peut parfois envisager de changer la Constitution, mais je ne l'ai pas pensé personnellement, nous sommes plus engagés dans la gestion, dans la manière de répondre à cette confiance qu'a déposée en nous le peuple bolivien.

J’ai entendu des +Evo pour toujours+, +Evo jusqu’à 2025+ pendant la campagne. Je comprends ce sentiment. Parce que ce qu’ils n’ont pas fait en 180 ans, nous l’avons réalisé en neuf ans de gouvernement. Les syndicalistes, le mouvement indigène n’étaient donc pas faits seulement pour voter, mais aussi pour gouverner. C’est pour cela que nous avons gagné les élections. Dans ce contexte, je comprends donc ces envies, mais en ce moment ni la réforme de la Constitution et encore moins des plans jusqu’à 2025 ne sont dans notre agenda».

Q : Vous avez souvent souligné l'effet positif généré par les nationalisations en Bolivie depuis votre arrivée au pouvoir, notamment des hydrocarbures. Avez-vous d'autres projet de nationalisation ?

R : «Que pouvons-nous nationaliser, dites-moi ? Une, deux ou trois mines, rien d'autre. Presque tout est déjà nationalisé, il n'y a rien à nationaliser. Avec notre politique de récupération de nos ressources naturelles, nous avons déjà quasiment tout récupéré».

Q : Que pensez vous de la crise européenne? Des partis socialistes européens?

R : «Je ne veux pas faire un mauvais procès à certains pays européens. Mais quand auparavant ils nous volaient, ils allaient bien économiquement. Mais quand ils ne nous volent plus, qu'ils ne nous pillent plus comme les Etats-Unis, ils ont maintenant des problèmes financiers, une crise financière, une crise économique.

(...) Quand ils parlent de capitalisme, on a l'impression qu'ils ne savent plus quoi faire avec tout leur argent. Mais non, ils vivent une crise financière, et aujourd'hui on dirait que les Etats-Unis sont une colonie de la Chine. Alors, pourquoi devrait-on suivre ce modèle capitaliste ?

Nous connaissons le parti socialiste français, le parti socialiste espagnol, mais je me demande s'il y a vraiment du contenu au-delà du nom socialiste.

Mes recommandations, ce serait d'abord d'éviter l'abus de pouvoir. (...) Et ensuite, si un parti de gauche, socialiste, gagne les élections, c'est le président qui doit gouverner, pour le peuple et avec le peuple. Ce ne sont pas les banquiers ni les entrepreneurs qui doivent gouverner. Ce serait mon conseil».

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