REPORTAGESiège de Kobané: Inquiets, les Kurdes de France appellent à l’intervention de la coalition

Siège de Kobané: Inquiets, les Kurdes de France appellent à l’intervention de la coalition

REPORTAGECe mercredi, la communauté kurde manifestait une fois de plus à Paris pour montrer sa solidarité avec la ville syrienne kurde assiégée...
Bérénice Dubuc

Bérénice Dubuc

Alors que les Unités de protection du peuple kurde (YPG) combattent rue par rue l'avancée des djihadistes de Daesh dans la ville syrienne kurde de Kobané, uniquement soutenus par des frappes de la coalition internationale, la communauté kurde de France, forte d'environ 200.000 personnes, se mobilise. Ce mercredi, lors de la manifestation hebdomadaire pour demander justice pour les trois Kurdes assassinées à Paris en janvier 2013, ils ont également manifesté leur solidarité avec les habitants de Kobané dans les rues du 10e arrondissement.

«C’est aujourd’hui le 24e jour que Daesh attaque Kobané, que ces barbares tuent des innocents», rappelle Hassan, 51 ans. «Et nous, nous manifestons tous les jours depuis le début.» Ce réfugié politique en France depuis 36 ans, explique, ému, que la situation désespérée de la troisième ville kurde de Syrie «le touche beaucoup». «Je n’arrive pas à dormir, même en prenant des somnifères», raconte-t-il.

L’acheminement de l’aide difficile

Et quand on lui demande comment il soutient les habitants de Kobané, il explique qu’il «ne mange pas à midi pour donner 5 euros». «Mais ce n’est pas assez: l’hiver arrive, ils vont avoir besoin de tout! De nourriture, d’abris, de couvertures…» Mais l’acheminement de l’aide est difficile, comme on l’explique au Conseil démocratique kurde de France. Le Croissant rouge du Kurdistan, qui fournit aussi de l’aide aux réfugiés, collecte des dons, mais le Rojava (Kurdistan de Syrie) étant enclavé et l’ONG n’étant pas reconnue par la Turquie, aucune aide ne peut passer. Elle fournit donc plutôt une aide financière que des vêtements, de l’équipement ou des vivres, et les équipes achètent sur place le nécessaire.

Dans le cortège, Solmaz, 34 ans, affiche elle aussi sa «solidarité avec tous ces Kurdes qui luttent sur place et sont en train d’être sauvagement assassinés, alors qu’aucune aide de la communauté internationale n’est apportée». «Les Kurdes sont aujourd’hui face à une barbarie qui ne s’arrête pas. Et même si des associations fournissent de l’aide aux Kurdes assiégés et réfugiés, ce n’est pas assez!» Plus loin dans le cortège, un autre Hassan est venu «soutenir» les habitants de Kobané. «Nous sommes tous avec eux, parce que nous sommes tous kurdes. Il n’y a pas de différence entre Kurdes de Turquie, d’Irak, de Syrie ou de France.»

Intervention au sol de la communauté internationale

Il explique que la communauté kurde de France «fait tout pour aider: en envoyant de l’argent, des vêtements, par le soutien moral… Mais nous n’avons pas ce qu’il faudrait pour vraiment faire la différence: des armes et une intervention au sol de la communauté internationale». Selon lui, une intervention de la coalition au sol est nécessaire pour sauver Kobané. «Il faut qu’ils interviennent, car si Kobané tombe, les djihadistes de Daesh pourraient prendre d’autres villes, d’autres cantons, et cela risque de résulter en un grand massacre du peuple kurde.»

Ismet, un restaurateur du quartier, est du même avis: «La situation est très difficile pour les combattants kurdes, trop peu nombreux et qui se battent avec le peu d’armes qu’ils ont, alors que les djihadistes sont équipés d’armes très sophistiquées. Il faut que les autres pays se décident à intervenir.» A côté de lui, un jeune homme blague sur le fait d'aller combattre aux côtés des Kurdes de Syrie. Certains ont déjà fait ce choix: ils seraient une dizaine à s'être envolés pour la Turquie, a estimé auprès de l’AFP et sous couvert d'anonymat un responsable d'une association kurde.