Royaume-UniVIDEO. Référendum en Ecosse: La gueule de bois des indépendantistes

VIDEO. Référendum en Ecosse: La gueule de bois des indépendantistes

Royaume-UniCertains partisans de l'indépendance de l'Ecosse ont passé la nuit dehors en attendant le résultat...
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

De notre envoyé spécial à Edimbourg

L’attente a duré toute la nuit. Aidan, Brian, Clare, Tony, et des centaines d’autres ont veillé dans les pubs ou devant le Parlement écossais d’Edimbourg. Il a plu «mais pas bien fort», il y a eu du vent. Il y a eu des bouffées d’espoir à partir de rumeurs folles: «Alex Salmond arrive, il veut annoncer les résultats ici!» Il y a eu des moments d’angoisse: «Un ami du ministère de l’Intérieur m’a dit que le non l’emportait largement.» Et puis il y a eu le résultat. Pas d’éclat de voix, une longue rumeur étrangement étouffé par le brouillard qui descendait de Arthur’s Seat, la colline qui surplombe Edimbourg.

«Je suis déçu et épuisé», confie Aidan qui console Clare en larmes. A 16 ans tout juste, la jeune femme votait pour la première fois et avait l’intention «d’écrire l’histoire». Au lieu de quoi elle va voir David Cameron, le Premier ministre britannique «fanfaronner comme un imbécile.»

Déception sans colère

Les très rares partisans du non présents devant le Parlement se faisaient discrets. Sauf Tony. Il a passé la nuit là, il connaît tout le monde. Tout le monde le connaît, lui et son histoire. Ecossais par sa mère, Gallois par son père et «Britannique pour toujours. La moitié de [sa] famille vit à Londres». Ce matin, «nous vivons encore dans le même pays», lance-t-il. Aux pro-indépendantistes, il affirme, «nous sommes toujours Ecossais. Plus que jamais même. Notre avenir nous appartient.»

Brian s’était promis de ne pas être trop déçu. Mais il a failli à sa promesse. «Je ne peux pas en vouloir à certains électeurs d’avoir eu peur et de s’être laissé manipuler par les politiques de Londres. Mais j’en veux à ceux qui par cynisme et cupidité ont privé un peuple de son futur et de sa liberté.»

«Aye» pas du tout

La bonne humeur globale, peut-être mêlée d’un peu de stress, de la journée puis de la nuit de jeudi a laissé place à un gros sentiment d’amertume chez les partisans du «Aye», le «Yes» gaélique. «On a fait la fête parce qu’on ne sait rien faire autrement, affirme Aidan. Mais maintenant, j’ai la gueule de bois alors que je suis encore un peu soûl. J’aurais préféré que ce référendum n’ait pas eu lieu. J’aurais pu rester aveugle sur beaucoup de choses et continuer à croire que c’est Londres qui empêchait notre indépendance.»

Peu à peu, les bannières rouges du «No thanks» s’emparent de la place alors que les partisans déçus du résultat rentrent chez eux. La plupart avaient posé un jour de congé. Brian décide de rester là: «J’ai besoin de comprendre, j’ai besoin de ressentir à nouveau que nous sommes malgré tout un peuple uni.»