Ukraine: Kiev accélère son rapprochement avec les Occidentaux
•Le président ukrainien Petro Porochenko devait rencontrer jeudi ...© 2014 AFP
Le président ukrainien Petro Porochenko devait rencontrer jeudi à Washington Barack Obama au moment où Kiev accélère son rapprochement avec les Occidentaux tout en espérant que le soutien affiché par Moscou à ses solutions de paix persuade les séparatistes prorusses de s'y rallier.
Cinq mois après son arrivée à la présidence sur les ruines du pouvoir laissé vacant par Viktor Ianoukovitch, chassé par les contestataires du mouvement pro-européen du Maïdan, M. Porochenko multiplie les gestes symboliques et politiques pour ancrer Kiev à l'Europe et pour tenter de mettre fin à des mois d'un conflit avec les séparatistes prorusses qui s'est soldé par la mort de près de 2.900 personnes.
Après la ratification mardi par le Parlement ukrainien de l'accord d'association avec l'Union européenne, le chef de l'Etat ukrainien s'est envolé pour l'Amérique du nord. Le Canada, d'abord, où il s'est assuré du soutien du Premier ministre Stephen Harper, notamment pour l'aider à bâtir des liens solides avec l'Otan.
Il sera ensuite reçu jeudi à Washington par le président Barack Obama pour sa première visite en tant que chef de l'Etat. Il souhaite obtenir du président américain un «statut spécial» d'allié non-membre de l'Alliance atlantique, une perspective vue d'un très mauvais oeil par Moscou.
Il s'agit de la première visite de M. Porochenko aux Etats-Unis. Le dirigeant ukrainien avait été introduit dans le concert des nations en juin en Normandie lors des cérémonies pour l'anniversaire du Débarquement allié du 6 juin 1944. A l'époque, le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel avaient provoqué une rencontre entre le nouveau président ukrainien et son homologue russe Vladimir Poutine.
- Quid du contrôle par Moscou des séparatistes? -
Pour leur part, les séparatistes prorusses des régions russophones de Donetsk et de Lougansk continuent d'ignorer les premières offres concrètes de paix de Kiev.
Début septembre, au plus fort des affrontements entre l'armée ukrainienne, soutenue par des membres des mouvements nationalistes, et les combattants séparatistes, une réunion à Minsk sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe avait accouché des grandes lignes d'un règlement du conflit.
Ce protocole de Minsk, qui instaurait un cessez-le-feu, prévoyait notamment des gestes de Kiev garantissant une plus grande autonomie des régions de l'Est, des élections locales et une amnistie pour les «participants» au conflit.
Les lois adoptées mardi par le Parlement ukrainien vont dans ce sens et ont été saluées par l'Union européenne, les Etats-Unis, l'OSCE et Moscou. Seuls les séparatistes ont pour l'heure ignoré la main tendue de Petro Porochenko alors qu'ils avaient paraphé le protocole de Minsk.
Le «Premier ministre» de la «République populaire de Donetsk», Alexandre Zakhartchenko, a ainsi affirmé que les séparatistes refusaient l'organisation d'élections par Kiev. «Nous avons notre propre conseil suprême et nous déciderons quelles élections organiser et à quelle date», a-t-il commenté.
Les réactions mitigées des rebelles, la plupart refusant de se faire dicter les règles par Kiev, posent la question du contrôle qu'a Moscou sur la rébellion, même si le Kremlin a toujours démenti être partie prenante au conflit. Depuis le début de la crise, la «direction» séparatiste a changé à deux reprises, des séparatistes identifiés comme russes ayant succédé à des éléments locaux. Et nul ne peut dire si Moscou, qui a soufflé le chaud et le froid par le passé, leur demandera d'obtempérer, ni même s'il sera entendu.
Après plusieurs journées de violations du cessez-le-feu conduisant à la mort d'une dizaine de civils, la nuit a été calme à Donetsk.
Dans le dossier du gaz, qui avait donné lieu à un bras-de-fer entre Kiev et Moscou aboutissant en juin à une coupure de gaz russe à l'Ukraine, la Russie propose de mener «la semaine prochaine» une discussion trilatérale entre Moscou, Kiev et l'UE sur ses livraisons.
La Russie a coupé ses livraisons de gaz à l'Ukraine qui refuse la hausse des prix imposée par le géant gazier russe Gazprom, dans le contexte de la crise entre Kiev et Moscou, et qui a accumulé 5,3 milliards de dollars d'impayés, selon les Russes.
Ce différend pourrait affecter les livraisons à l'Europe, dont une grande partie transite par l'Ukraine, si ce pays décidait d'en prélever une partie cet hiver pour faire face à la pénurie.