Les taxis se mobilisent à travers l'Europe contre les VTC

Les taxis se mobilisent à travers l'Europe contre les VTC

Les taxis se sont mobilisés dans plusieurs villes d'Europe mercredi pour protester contre la concurrence croissante des voitures de tourisme avec chauffeurs (VTC) et en particulier celle de la société américaine Uber.
Des taxis en grève aux abords de l'aéroport de Marignane près de Marseille, le 11 juin 2014
Des taxis en grève aux abords de l'aéroport de Marignane près de Marseille, le 11 juin 2014 - Boris Horvat AFP
© 2014 AFP

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Les taxis se sont mobilisés dans plusieurs villes d'Europe mercredi pour protester contre la concurrence croissante des voitures de tourisme avec chauffeurs (VTC) et en particulier celle de la société américaine Uber.


Pour la première fois, le mouvement de grève est européen. Il est parti de Londres, où des centaines de «black cabs» ont convergé vers Trafalgar Square et Parliament Square. S'ils ont l'habitude de cohabiter avec les VTC depuis longtemps, les taxis londoniens considèrent qu'Uber, en permettant de calculer le prix d'une course depuis une smartphone en fonction de distance et de la durée, leur fait de la concurrence déloyale.

Leur inquiétude est partagée dans d'autres pays. «Uber ne respecte pas de manière délibérée les réglementations en vigueur et il dispose en plus de moyens très importants» avec une valorisation de 17 milliards de dollars, résume Serge Metz, PDG de la centrale française de radio-taxi Taxi G7.

La start up californienne est d'ailleurs dans le collimateur de la répression des fraudes en France pour son service de covoiturage à but lucratif, mais aussi de la justice à Berlin, à Bruxelles ou encore à Barcelone où le gouvernement régional menace les conducteurs d'une amende pouvant aller jusqu'à 6.000 euros. Ce qui ne l'empêchait pas de se faire de la publicité en France en offrant mercredi des rabais sur certaines courses.

«Nous vivons du tourisme presque toute l'année. Et soudain arrivent ces gens qui, sans payer aucun impôt ni être professionnel, te prennent ton travail», dénonce Silveri Perez, chauffeur de taxi à Barcelone.

A Madrid, la grève devait durer 24 heures. «Près de 100.000 familles dépendent directement (de l'activité) du taxi dans toute l'Espagne», rappellent les organisations professionnelles (Fedetaxi, Unalt, CTE, Uniatramc).

En Allemagne, des centaines de taxis se sont retrouvés sur une grande place à Berlin, sans perturber la circulation. «Les VTC doivent être définitivement interdits par la loi», a demandé Ertan Ucar, vice-président de la Fédération des taxis allemands.

- Vives tensions -

En France, les fédérations patronales sont à la pointe de la contestation. Suivant leur appel, 310 taxis s'étaient rassemblés à l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle mercredi matin avant de rejoindre Paris via l'A1 où ils ont mené des opérations escargot.

A Orly, 110 véhicules stationnés en tête des stations de taxis bloquaient toujours la prise en charge des clients.

Marseille, Nantes, Rennes ou encore Rouen ont aussi vu les taxis protester, avec une participation moindre que prévu en région marseillaise. Le tunnel de Fréjus a été bloqué en début d'après-midi dans le sens Modane-Italie par une dizaine de voitures en travers des voies, sur 200 taxis présents.

A la frontière franco-espagnole, une cinquantaine de taxis ont organisé à la mi-journée un barrage filtrant dans le sens France-Espagne, créant un embouteillage de plusieurs kilomètres.

La majorité des syndicats de salariés en revanche «se désolidarise de ce mouvement et n'appelle pas à manifester», a déclaré à l'AFP Karim Asnoun de la CGT.

L'intersyndicale avait pourtant été à l'origine d'une série d'actions menées en début d'année pour protester contre le développement des VTC.

«Nous n'appelons pas à cette grève, les centres radio (de réservation de taxis) veulent récupérer ce mouvement du 11 juin», fait valoir Nordine Dahmane, secrétaire général de FO-UNCP taxis, pour expliquer cette décision.

Un rapport commandé par le gouvernement et présenté fin avril devait permettre d'apaiser les relations entre taxis et VTC. Mais les tensions restent vives alors qu'une proposition de loi devrait être déposée la semaine prochaine.

«Il faut que le député (Thomas Thévenoud, auteur du rapport, NDLR) revienne sur ses positions concernant les VTC», a exigé Pascal Wilder, secrétaire général de la fédération nationale des taxis indépendants.

Des représentants des taxis ont été reçus pendant plus de deux heures mercredi soir à Matignon. Les services du Premier ministre «se sont voulus rassurants», a raconté Didier Hogrel, président de la FNDT. Les taxis devraient de nouveau être reçus lors de la présentation de la proposition de loi, a-t-il poursuivi.

De leur côté, les VTC s'agacent de ces nouvelles perturbations. Le PDG de la société Allocab Yanis Kiansky parle d'une grève des «enfants gâtés du transport parisien urbain». Dave Ashton, cofondateur de Snapcar, assure que les sociétés feront tout pour s'assurer que leurs «intérêts soient bien représentés» dans la proposition de loi.