Visite en Chine de Vladimir Poutine, en quête de soutien face aux Occidentaux
Le président chinois Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine ont convenu mardi à Shanghai de resserrer leur liens, à l'heure où la Chine comme la Russie sont sous le feu des critiques sur les questions de conflits territoriaux.© 2014 AFP
Le président chinois Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine ont convenu mardi à Shanghai de resserrer leur liens, à l'heure où la Chine comme la Russie sont sous le feu des critiques sur les questions de conflits territoriaux.
Il s'agit de la première visite d'Etat en Chine de Vladimir Poutine depuis que Xi Jinping a pris la présidence chinoise l'an dernier et les deux dirigeants devaient assister à des manoeuvres navales conjointes en mer de Chine orientale avant de participer mercredi à un sommet régional sur la sécurité régionale en Asie.
Après une cérémonie de bienvenue, les deux leaders ont entamé leurs discussions, Xi Jinping qualifiant son invité de «vieil ami» et soulignant la nécessité aux yeux de Pékin de renforcer le partenariat stratégique avec Moscou pour bâtir un monde multipolaire, selon l'agence Chine nouvelle.
Xi Jinping avait consacré à la Russie sa première visite à l'étranger après avoir pris ses fonctions l'an dernier, et il s'est rendu aux Jeux Olympiques de Sotchi en mars.
Vladimir Poutine a fait part de sa volonté de renforcer les échanges commerciaux avec la Chine pour parvenir au montant de 100 milliards de dollars d'ici 2015, contre 90 l'an dernier, grâce à une coopération renforcée dans l'aéronautique et l'espace et l'énergie notamment, selon l'agence officielle chinoise.
Les deux responsables ont signé une «longue» série d'accord, selon l'agence, sans en préciser le détail. Le conseiller de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakovla, avait évoqué la possible signature d'une trentaine d'accords.
Vladimir Poutine est accompagné d'une importante délégation, composée de dizaines d'hommes d'affaires et de leaders régionaux.
«Face aux sanctions, la Russie a besoin de montrer qu'elle n'est pas isolée», a souligné Piotr Topytchkanov, de l'antenne moscovite du Centre Carnegie. «Ce sera le but de la visite de Poutine. Il veut montrer que la Russie a des alliés».
Les manoeuvres navales russo-chinoises, au large de Shanghai, devait impliquer 14 bâtiments et comporter des tirs à munitions réelles.
Pékin est confronté à une vive tension avec le Vietnam en mer de Chine du sud, après avoir installé récemment une plate-forme pétrolière à proximité d'îles disputées avec Hanoï. L'initiative est à l'origine des plus graves émeutes antichinoises au Vietnam depuis des décennies.
- Situation inconfortable -
En mer de Chine orientale, une vive tension règne également autour des îles Senkaku, administrées par le Japon, mais revendiquées par la Chine sous le nom de Diaoyu.
Moscou s'oppose aux Occidentaux dans la pire crise depuis la Guerre froide, provoquée par le rattachement en mars de la Crimée à la Russie et l'extension des troubles à l'Est de l'Ukraine.
Accusant la Russie de fomenter ces troubles, les Etats-Unis et l'Union européenne ont infligé des sanctions à l'encontre de proches de M. Poutine et menacé de mesures plus radicales si Moscou perturbait la tenue de la présidentielle prévue le 25 mai dans cette ex-république soviétique.
Dans ce contexte, la visite du président russe en Chine, qui devait initialement être essentiellement consacrée aux relations énergétiques entre les deux pays, a pris une autre dimension, soulignent les analystes.
Ces dernières années, la Russie et la Chine, tous deux des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ont oeuvré ensemble pour contenir Washington.
La crise en Ukraine a toutefois placé Pékin dans une situation inconfortable, entre soutien à Moscou et respect de l'intégrité territoriale des pays et du principe de «non-ingérence».
Peu avant la visite, de hauts responsables russes et chinois avaient tenté de finaliser une décennie de négociations sur un accord gazier majeur, qui prévoit la livraison annuelle de près de 70 milliards de mètres cubes de gaz russe sur les trente prochaines années.
Autre contrat en vue, celui du géant pétrolier russe Rosneft et du chinois Sinopec. Les deux sociétés ont signé en 2013 un accord préliminaire sur la fourniture de 100 millions de tonnes de pétrole russe à la Chine sur dix ans.
La Chine pourrait aussi commander 100 avions Superjet 100, le moyen-courrier de transport civil du constructeur Soukhoï qui peine à trouver des clients, a indiqué à l'AFP Sergueï Louzianine, directeur adjoint de l'Institut d'Extrême-Orient de l'Académie russe des sciences.