JAPONTsunami: Trois ans après, le Nord-Est du Japon peine encore à se relever

Tsunami: Trois ans après, le Nord-Est du Japon peine encore à se relever

JAPONLe tsunami de 2011 a frappé une région qui était déjà sur le déclin, et cherche toujours aujourd’hui les moyens de relancer son économie, en concurrence avec les JO de 2020…
Mathias Cena

Mathias Cena

De notre envoyé spécial à Iwate

Trois ans après la catastrophe de Fukushima, certains chiffres sont encourageants. Des 16,94 millions de tonnes de débris laissés par le tsunami du 11 mars 2011 par exemple, 95% ont été déblayés. Pour autant, la vie est loin d’avoir repris son cours dans les trois régions du «Tohoku» (le Nord-Est du Japon) touchées par la vague meurtrière déclenchée par un tremblement de terre de magnitude 9: les préfectures de Fukushima, Miyagi et Iwate. En tout, 274.000 personnes vivent toujours en réfugiés dans des hébergements temporaires, et ont du mal à imaginer la vie après.

La préfecture d’Iwate, à 500 km de Tokyo et 250 km au nord de Fukushima, a été épargnée par les radiations, mais le tsunami qui a ravagé sa côte a porté un terrible coup à une économie déjà sur le déclin. Les morts de la catastrophe, les infrastructures détruites, autant de raisons pour les jeunes de partir au sud chercher du travail vers les grandes villes comme Sendai ou Tokyo.

La concurrence des Jeux olympiques de 2020

Alors que la reconstruction est critique pour relancer l’économie, la région a vu un nuage sombre en septembre dernier: l’annonce de l’organisation des Jeux olympiques à Tokyo en 2020. Y a –t-il concurrence? peut-être. «Nous sommes réellement inquiets à l’idée que les ressources puissent être déviées du Tohoku à cause des JO», avoue Takuya Tasso, le gouverneur d’Iwate.

Une inquiétude partagée dans les zones côtières dévastées par le tsunami: «Après l’annonce, les entreprises de construction se sont clairement tournées vers les Jeux olympiques», a constaté Shinji Sasaki, responsable d’un complexe d’hébergement temporaire à Kamaishi. «On les comprend, c’est du business, mais c’est aussi de la politique. Les dirigeants sont tous à Tokyo ou dans les grandes villes, et ils ne nous entendent pas», ajoute-t-il.

Une série télévisée redonne des couleurs à la région

Pour redevenir attractive, la région mise sur des grands projets, comme l’accélérateur linéaire de particules international que le Tohoku souhaiterait accueillir. Iwate mise également sur le tourisme, aidée en cela par le classement du site d’Hiraizumi au patrimoine mondial de l’Unesco en juin 2011.

Mais le plus gros coup de pouce est venu, de manière totalement inespérée, d’une série télévisée, un «drama», comment l’appellent les Japonais, diffusée sur la télévision publique NHK l’été dernier. «Ama-chan», dont les 156 épisodes ont connu un succès viral, se situe dans le Tohoku, et a pour toile de fond l’activité des «ama», les femmes qui plongent dans la mer en apnée pour ramener des coquillages. L’afflux de visiteurs et les produits dérivés auraient déjà généré plusieurs centaines de millions d’euros pour la région, à tel point que Takuya Tasso parle d’«Ama-nomics», en référence au plan de relance économique du Premier ministre Abe pour le Japon, les «Abenomics». Et se prend à espérer un happy end.