Mexique: avec Joaquin Guzman, le cartel de Sinaloa règne sur l'Amérique centrale

Mexique: avec Joaquin Guzman, le cartel de Sinaloa règne sur l'Amérique centrale

Le cartel mexicain de Sinaloa, aux mains de Joaquin Guzman jusqu'à ...
Le cartel mexicain de Sinaloa, aux mains de Joaquin Guzman jusqu'à son arrestation ce week-end, a étendu son influence jusqu'en Amérique centrale, où il entretient depuis deux décennies des liens étroits avec des groupes locaux qui font transiter la drogue à destination des Etats-Unis et l'Europe.
Le cartel mexicain de Sinaloa, aux mains de Joaquin Guzman jusqu'à son arrestation ce week-end, a étendu son influence jusqu'en Amérique centrale, où il entretient depuis deux décennies des liens étroits avec des groupes locaux qui font transiter la drogue à destination des Etats-Unis et l'Europe. - Fernando Brito AFP
© 2014 AFP

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Le cartel mexicain de Sinaloa, aux mains de Joaquin Guzman jusqu'à son arrestation ce week-end, a étendu son influence jusqu'en Amérique centrale, où il entretient depuis deux décennies des liens étroits avec des groupes locaux qui font transiter la drogue à destination des Etats-Unis et l'Europe.

La capture samedi du narco-trafiquant considéré comme le plus puissant du monde dans la station balnéaire de Mazatlan (nord-ouest du Mexique) a été rapidement saluée par les présidents Otto Perez (Guatemala), Juan Orlando Hernandez (Honduras) et Laura Chinchilla (Costa Rica), conscients de sa capacité de nuisance dans leurs pays respectifs.

Car le redouté cartel de Sinaloa collabore aujourd'hui avec des groupes criminels du Guatemala, du Honduras et du Salvador et entretient une présence au Costa Rica, Nicaragua et Panama, situés plus au sud, s'accordent à affirmer experts, agence américaine anti-drogue (DEA) et l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

«Les +capos+ centre-américains doivent être en alerte. Ils savent que la DEA est très active. Cette capture les frappe durement car cela paralyse des opérations, des affaires», affirme à l'AFP Carlos Menocal, ex-ministre guatémaltèque de l'Intérieur.

Selon le ministre de la Sécurité du Costa Rica, Mario Zamora, «quelque 900 tonnes de cocaïne» en provenance d'Amérique du Sud transitent chaque année par l'Amérique centrale, en particulier par le Guatemala, qui partage 1.000 km de frontière avec le Mexique, et le Honduras.

La drogue est ensuite acheminée aux Etats-Unis, premier consommateur mondial, ou en Europe.

- Un contexte favorable -

Le cartel de Sinaloa, créé au début des années 1990, a rapidement étendu ses ramifications à l'Amérique centrale, profitant de la faiblesse d'Etats en guerre civile (Guatemala, Salvador) ou pauvres (Honduras) et y entretenant aujourd'hui une criminalité galopante.

Sa présence s'est faite plus significative du côté Pacifique, où ses partenaires se disputent désormais le contrôle des routes terrestres et maritimes de la drogue avec ceux du cartel mexicain concurrent des «Zetas».

Après l'arrestation de son chef, le cartel de Sinaloa «va devoir réagir rapidement pour maintenir des relations de confiance avec les organisations criminelles (locales), car +El Chapo+ dirigeait personnellement les opérations de transit: il se rendait en Amérique Centrale, organisait le trafic et revenait au Mexique», explique M. Menocal.

Ces liens sont apparus pour la première fois au grand jour en 1993 lorsque, acculé par un cartel rival, «El Chapo» se réfugia au Guatemala pour y être ensuite capturé près de la frontière mexicaine et extradé dans son pays. En 2001, il parvint à s'échapper d'une prison de haute sécurité de l'Etat de Jalisco (ouest) en se cachant dans la camionnette d'une laverie.

L'actuel ministre de l'Intérieur du Guatemala Mauricio Lopez a révélé à l'AFP que le cartel de Sinaloa a collaboré au Guatemala avec au moins cinq clans criminels locaux, et pendant les 13 ans de cavale de Joaquin Guzman, de nombreuses rumeurs circulaient sur sa présence en Amérique centrale.

L'année dernière, M. Lopez avait même précipitamment annoncé la mort du trafiquant dans le nord du Guatemala, avant de se rétracter.

Certaines informations non corroborées évoquaient sa présence récente au Honduras, où il aurait des propriétés à Santa Barbara, Cortes et Copan, régions frontalières avec le Guatemala.

«Nous avons ouvert des enquêtes, notamment sur le plan financier. Beaucoup de gens spéculent, parlent, mais ne fournissent pas de preuves», a expliqué le chef de la police du Honduras Ramon Sabillon après l'arrestation du «capo».

Au Salvador, l'organisation du Sinaloa est liée avec le groupe criminel «Los Perrones», dont l'influence s'étend de l'est à l'ouest du pays, chargé d'acheminer la marchandise au Guatemala et l'argent au Panama, pays accusé d'être un paradis fiscal, selon l'ONUDC.

Il y a quatre mois, Reynaldo Corea, chef du groupe nicaraguayen des «Guachinangos», a été arrêté au Salvador. Son groupe est suspecté de faire transiter de la drogue par le Pacifique pour le compte du cartel.

Après l'arrestation d'«El Chapo» M. Zamora espère que «les informations logistiques» soutirées au trafiquant par les autorités mexicaines permettront de contrecarrer l'influence de son organisation en Amérique centrale.