MONDELe pouvoir change de main: un samedi historique pour l'Ukraine

Le pouvoir change de main: un samedi historique pour l'Ukraine

MONDERetour sur les événements de ce samedi marqué par la destitution du président contesté Viktor Ianoukovich et le retour sur le devant de la scène de l’opposante Ioulia Timochenko…
Claire Planchard

Claire Planchard

Une nouvelle ère s'ouvre en Ukraine après la folle journée de samedi qui a vu quasi-simultanément la destitution de facto du président Viktor Ianoukovitch et la libération-surprise de Ioulia Timochenko, immédiatement revenue à Kiev et acclamée par ses partisans sur le Maïdan.

«Vous êtes des héros, vous êtes les meilleurs d'Ukraine!». C’est par cette envolée pleine d’émotion que l'opposante historique au président Ianoukovitch a clôturé ce samedi une journée historique pour son pays.

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«L'Ukraine des hommes libres»

Tout juste libérée sur décision du Parlement après près de trois années de détention, l’ex-Premier ministre et égérie de la Révolution Orange de 2004, s’est exprimée sur une chaise roulante, devant plus de 50.000 personnes rassemblées sur le Maïdan, place centrale de Kiev sur la place Maïdan de Kiev, haut lieu de la protestation où près de 80 manifestants ont trouvé la mort ces derniers jours.

>> Qui est Ioulia Timochenko?

«Je n'ai pas reconnu Kiev, avec les voitures brûlées, les barricades, mais c'est une autre Ukraine, l'Ukraine des hommes libres», a-t-elle affirmé, quelques heures après la destitution par le Parlement du président Viktor Ianoukovitch.

Le lourd silence de Ianoukovich et Moscou

Réfugié dans son fief à l’est du pays, ce dernier restait introuvable en début de soirée. Après avoir dénoncé plusieurs fois dans la journée les manœuvres «illégales» du gouvernement et assuré de son intention de «ne pas donner sa démission», il aurait tenté de fuir en Russie mais en aurait été empêché par des gardes-frontière. Alors que l'accord qu'il a conclu vendredi prévoit qu'il entérine rapidement des mesures adoptées par le parlement en vue de la formation d'un gouvernement d'union nationale, Viktor Ianoukovitch a souligné qu'il n'allait «rien signer avec les bandits qui terrorisent le pays».

Dans sa résidence présidentielle abandonnée, en banlieue de Kiev, des centaines de curieux se sont massés samedi et ont pu découvrir ébahis le faste extravagant du train de vie de leur ex-chef d’Etat.

Alors que des élections anticipées ont été annoncées par le Parlement avant le 25 mai, beaucoup s’inquiètent toutefois du silence de la Russie. Le Premier ministre polonais Donald Tusk a ainsi estimé samedi soir qu'il existait «des forces souhaitant remettre en question l'intégrité de l'Ukraine» sans préciser leur nature mais en soulignant que le plus important était actuellement de maintenir la paix qui reste très fragile.

Risque de récupération

D’autres observateurs redoutent aussi le retour sur le devant de la scène de Ioulia Timochenko qui pourrait compliquer la tâche de l’opposition.

«Je suis de retour» a prévenu samedi soir la «dame de fer», se présentant comme la «garante» du combat des manifestants et les appelant à rester sur la place jusqu’à ce que «leur œuvre commune soit achevée». Une récupération du mouvement qui pourrait présager d’une mise à l’écart des trois leaders de la révolte populaire l’ex-boxeur Vitali Klitschko, le chef du parti de Ioulia Timochenko, Batkivchtchina, Arseni Iatseniouk et le chef du parti nationaliste Svoboda, Oleg Tiagnibok .