DIPLOMATIEGenève 2: L'ONU retire son invitation à l'Iran pour sauver la Conférence de paix

Genève 2: L'ONU retire son invitation à l'Iran pour sauver la Conférence de paix

DIPLOMATIEL'opposition syrienne, qui avait menacé de boycotter le rassemblement, s'est dit satisfaite...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Sauver les meubles. Lundi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exclu l'Iran de la conférence de paix en Syrie prévue à partir de mercredi en Suisse, moins de 24 heures après l'avoir invité. Un revirement spectaculaire qui sauve, pour l'instant, cette conférence dite de Genève II.

L'opposition syrienne avait menacé de boycotter la conférence si l'Iran, allié de Bachar al-Assad, était présent. Dans un communiqué, la coalition de l'opposition a immédiatement «confirmé sa participation à Genève II, qui a pour objectif une transition politique en Syrie». Par contre, une des principales composantes de cette opposition, le Conseil national syrien (CNS), a annoncé son retrait de la Coalition pour protester contre sa participation à Genève II.

Genève II doit s'ouvrir mercredi par une session ministérielle à Montreux présidée par Ban Ki-moon et à laquelle sont conviés une quarantaine de pays, dont les grandes puissances et les autres pays de la région dont l'Arabie saoudite. Les délégations du gouvernement et de l'opposition doivent négocier ensuite à Genève, à partir de vendredi, sous l'égide du médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi.

Téhéran refuse d'entériner un communiqué

Le porte-parole de Ban Ki-moon a justifié la décision par le refus iranien de soutenir un gouvernement de transition en Syrie, comme le prévoit le «communiqué de Genève» signé par les grandes puissances le 30 juin 2012. Malgré des assurances verbales données par de hauts responsables iraniens, Téhéran a refusé d'entériner le communiqué, alors que celui-ci constitue «la base de discussions et l'objectif» de Genève II.

Le communiqué de Genève parle d'instaurer un gouvernement de transition en Syrie ayant des «pleins pouvoirs exécutifs», ce qui laisse entendre que Bachar al-Assad pourrait perdre une bonne partie, voire la totalité de ses prérogatives.

Pressions de Washington

Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, qui souhaitent le départ de Bachar al-Assad, avaient tous trois fait d'un soutien iranien à une transition démocratique une condition sine qua non de sa présence à Montreux. Un responsable du département d'Etat s'exprimant anonymement avait même enjoint l'ONU de «retirer» son invitation.

Après cette crise, la porte-parole du département d'Etat américain Jen Psaki a demandé lundi soir «à toutes les parties de se concentrer désormais sur la tâche à accomplir: mettre fin aux souffrances du peuple syrien et amorcer enfin une transition politique».

De son côté, la Russie, autre fidèle allié de Damas, avait affirmé lundi par la voix de son ministre des Affaires étrangères Serguei Lavrov qu'exclure l'Iran serait «une erreur impardonnable».

Bachar al-Assad avait lui-même contribué à raidir les positions en affirmant, dans un entretien exclusif accordé dimanche à l'AFP, qu'il avait de «fortes chances» d'être candidat à sa succession cette année.