Syrie: Combats entre rebelles et djihadistes, la guerre dans la guerre

Syrie: Combats entre rebelles et djihadistes, la guerre dans la guerre

MONDE – L’opposition armée en Syrie se livre à une guerre interne, sous l’œil de Bachar el-Assad. Les combats ont fait près de 700 morts en neuf jours...
A Alep en Syrie, le 11 septembre 2012. 
A Alep en Syrie, le 11 septembre 2012.  - Muhammed Muheisen/AP/SIPA
F.V.

F.V.

L’opposition armée syrienne ne combat plus seulement le régime de Bachar el-Assad. Désormais, elle livre bataille dans son propre clan. Les combats dans le nord du pays entre des groupes rebelles, essentiellement islamistes, et les djihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont déjà fait près de 700 morts et des centaines de disparus en neuf jours, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.

Les rebelles reprochent à l’EIIL, une émanation d’al Qaida qui était jusqu’ici leur alliée, de vouloir dominer la rébellion et de «voler» la révolution au profit de la création d’un califat englobant l’Irak et la Syrie. Depuis le 1er janvier, les rebelles accusent aussi l’organisation djihadiste d’être étroitement lié au régime de Bachar el-Assad et d’avoir cessé de le combattre.

«Faire bonne figure»

La torture à mort par l’EIIL d’un médecin rebelle très populaire dans le Nord a servi de détonateur. Il a «profondément choqué l'opinion publique de la région d'Alep, ce qui a permis de légitimer cette vaste offensive contre l'EIIL», explique Romain Caillet, spécialiste du salafisme contemporain à l’Institut français du Proche-Orient. Une série de meurtres similaires et d'enlèvements attribués par les militants à l’EIIL depuis l'été 2013 ont poussé des bataillons insurgés, exaspérés par ces exactions, à déclarer une guerre ouverte au groupe extrémiste.

Selon Romain Caillet, les rebelles veulent également faire «bonne figure à l’égard des mouvements occidentaux» en se démarquant des djihadistes. Une distinction devenue nécessaire alors que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont annoncé le 11 décembre la suspension de leur aide non létale à la rébellion, craignant la montée des radicaux dans le conflit.

Appel à un cessez-le-feu

Le chef du Front al-Nosra, la branche officielle d'Al-Qaïda en Syrie, a appelé à un cessez -le feu dans les combats pour «donner la priorité au combat contre le régime». Dans un enregistrement audio posté mardi sur le compte twitter, Abou Mohammad al-Jolani met en garde: ce combat «risque de nous coûter cher sur le terrain si ca continue, notamment les fronts d'Alep, pour les assiégés à Homs, les habitants de Damas et de la Ghouta. Si le conflit n'est pas réglé, le jihad formé par les Mouhajirine (combattants étrangers) et les Ansar (combattants locaux) risque de perdre beaucoup du terrain, le régime va pouvoir trouver un nouveau souffle alors qu'il était proche de l'effondrement et l'Occident et la rafidaine (chiites et alaouites) vont trouver un grand espace».

Les divisions de l’opposition armée bénéficient en effet à Bachar el-Assad, dont les forces remportent des victoires tactiques sur le terrain, en particulier grâce au soutien de milices venues d’Irak et du Hezbollah libanais.