Le jour où la Belgique a «cessé d'exister»
Mise en scène de la séparation de la Flandres dans une émission de politique fiction qui fait scandale outre-QuiévrainJH, avec AFP
«La Flandre a proclamé son indépendance!», «la Belgique n'existe plus!»: la chaîne publique de télévision belge RTBF a interrompu mercredi ses programmes pour un périlleux exercice de politique fiction. «Sur le coup de 20h20, raconte le quotidien La Libre Belgique, on a bien eu droit au générique de "Questions à la une"... A 20h21, l'image se brouille. On se retrouve brutalement projeté dans le studio du Journal télévisé pour une «émission spéciale». Une brève mention barre l'écran : «Ceci n'est peut-être pas une fiction» façon Magritte "Ceci n'est pas une pipe"
Dès le début de l'émission qui voulait lancer un débat public sur la question brûlante en Belgique des rapports entre Flamands et Wallons, les réactions outrées de la classe politique ont commencé à pleuvoir. Le standard sera pris d'assaut durant plus d'une heure, raconte «La Libre», elle aussi saturée de «dizaines de coups de téléphones de gens ébahis. Et forcément crédules. Un forum lancé sur notre site Internet est, lui aussi, pris d'assaut. Les réactions sont très majoritairement indignées. Les premiers communiqués de presse de personnalités politiques tombent, avec la même indignation». Sur le forum du grand quotidien francophone «Le Soir», c’est aussi la ruée.
«Dans le contexte actuel, il est irresponsable pour une chaîne publique de télévision de diffuser une telle émission dans laquelle on annonce la fin de la Belgique comme une réalité présentée par de vrais journalistes», a dénoncé le porte-parole du Premier ministre Guy Verhofstadt à l'agence Belga. «C'est du très mauvais Orson Welles. C'est de mauvais goût», a-t-il encore ajouté.
Beaucoup de téléspectateurs ont visiblement été convaincus par les plateaux en direct, les reportages à chaud et les réactions de véritables personnalités politiques belges se réjouissant ou dénonçant la proclamation unilatérale de cette indépendance.
Après la fin de cette politique fiction, la chaîne a enchaîné avec un débat et appelé les téléspectateurs à dire par sms s'ils avaient cru au canular. Selon le premier résultat annoncé, 5% n'y ont pas cru du tout, 89% y ont cru au début et 6% y ont cru jusqu'au bout. Même certains ambassadeurs à Bruxelles se sont laissés prendre au piège et ont envoyée des messages à leurs capitales, selon la présidente du sénat belge Anne-Marie Lizin.
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