VIDÉO. Libération des otages d'Arlit: Y a-t-il eu versement d’une rançon?
MONDE – Comme toujours l’Etat français assure ne pas avoir versé de rançon, mais…M.P.
«Ni assaut, ni rançon», a assuré Laurent Fabius mardi après la libération des quatre otages d'Areva. François Hollande, depuis son arrivée à l’Elysée, a affirmé très fortement que la France ne paierait pas de rançon pour ses otages, expliquant que cette pratique en augmentait le prix et donc en faisait des cibles plus intéressantes pour les terroristes
Mais pour tous les observateurs, une rançon, on parle désormais de contrepartie financière, a forcément été payée à Aqmi. «La position de la France, c’est de ne pas apparaître en première ligne en tant qu’Etat. Mais il est possible que s’il y a rançon, cela passe pas des financements industriels», explique à Métronews Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique. Si ce n’est pas l’Etat, c’est donc Areva et Vinci, les deux employeurs des quatre ex-otages, qui a pu mettre la main à la poche. «Il est très vraisemblable qu'une rançon ait été versée», a également commenté Dorothée Moisan sur France 3, une journaliste spécialiste du sujet, auteurs de Rançons: une enquête sur le business des otages. D’ailleurs, a-t-elle rappelé, pour la libération de François Larribe, du Togolais et du Malgache enlevés en même temps que les quatre otages relâchés mardi, une somme d'argent avait été versée par Areva et Vinci. Le montant de 13 millions d’euros avait été évoqué.
Une rançon versée par l'Etat ou Areva?
Le Parisien affirme qu’«Areva a fait passer au gouvernement français un message explicite indiquant son intention de payer pour obtenir la libération de ses quatre salariés». Le quotidien évoque une somme de plusieurs millions d’euros. «Il est possible que, s’il y a rançon, cela passe par des financements industriels», a expliqué à Metronews Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique. D'autant que le groupe, dont l'Etat est le premier actionnaire, est en train de renégocier avec le Niger sa convention pour l'extraction d'uranium, convention qui arrive à terme à la fin de l'année.
L’hypothèse qu’Areva ait versé une rançon tient donc la corde pour de nombreux observateurs, et met en colère les proches d’autres otages, qui ne sont pas soutenus par un grand groupe français. Pascal Lupart, président du comité de soutien de Serge Lazarevic, enlevé en Mali en novembre 2011 par Aqmi, l’assure: «On se doute bien que c'est Areva qui a payé pour la libération des otages d'Arlit», regrettant que les otages qui restent au Mali sont «des indépendants, des sans-grades, qui n'ont pas derrière eux une entreprise capable de disposer d'une manne financière pour les faire libérer».
Mais Le Monde apporte une autre version: une rançon de plus d'une vingtaine de millions d'euros aurait été versée par l'Etat français aux ravisseurs, via les négociateurs nigériens. «L'argent a été prélevé sur les fonds secrets alloués aux services de renseignement. La somme a été acheminée par la DGSE», explique le quotidien, selon lequel Hollande a été obligé de revenir sur son principe de ne pas verser d'argent, après que le président nigérien lui a proposé un accord déjà ficelé. Le président nigérien aurait convaincu son homologue, en laissant entendre qu'un «coup de pouce» pourrait être donné dans les négociations entre Areva et l'Etat nigérien. L'Elysée a démenti cette version. Mais une source proche des négociateurs nigériens, citée par l'AFP, a expliqué qu'au moins 20 millions d'euros ont été versés.