Etats-Unis: la justice accorde une victoire aux couples homos
•La Cour suprême des Etats-Unis a accordé mercredi une victoire ...© 2013 AFP
La Cour suprême des Etats-Unis a accordé mercredi une victoire majeure aux couples homosexuels, en invalidant une loi fédérale qui définissait le mariage comme l'union entre un homme et une femme et en permettant aux homosexuels de se marier à nouveau en Californie.
Dans deux décisions distinctes, prises par cinq juges contre quatre, la plus haute juridiction du pays permet notamment aux homosexuels légalement mariés - ce qui est aujourd'hui possible dans 13 Etats - d'obtenir les mêmes droits que les couples hétérosexuels. Elle s'est en revanche gardée de légaliser le mariage gay à l'échelle du pays.
«Il était temps !», a lancé, sur le parvis du temple de la justice américaine, Amanda Werner, 24 ans, une bi-sexuelle venue de Californie. «C'est une grande émotion».
Sous un soleil de plomb, une foule d'un millier de personnes brandissant des drapeaux arc en ciel s'est réjouie par des cris et en échangeant des baisers à l'annonce des décisions.
«La Cour suprême a corrigé une injustice et notre pays s'en porte mieux», a réagi le président Barack Obama.
«Cette décision est une victoire pour les couples qui se battent depuis longtemps pour l'égalité devant la loi, (...) pour les familles qui, enfin, bénéficieront du respect et de la protection qu'elles méritent», a-t-il ajouté.
«Maintenant, nous allons nous marier et être égales à toutes les autres familles de Californie», s'est exclamée de son côté Kris Perry, l'une des plaignantes, sur les marches de la haute Cour.
La Cour suprême a d'abord jugé anticonstitutionnelle une loi, datant de 1996, de «défense du mariage» (DOMA) qui stipule que le mariage est l'union «entre un homme et une femme» car elle représente «une privation de l'accès à la liberté des personnes qui est protégé par le 5e amendement».
«En créant deux régimes de mariage contradictoires au sein du même Etat, elle force les couples de même sexe à vivre comme des couples mariés aux yeux de la loi de l'Etat mais non-mariés pour la loi fédérale», a ajouté le juge Anthony Kennedy, pour la majorité de la haute Cour.
«Un jour magnifique pour l'Amérique»
Une veuve homosexuelle de New York, Edith Windsor, soutenue par l'administration Obama, avait porté l'affaire devant la plus haute juridiction du pays.
Cette octogénaire s'était vu réclamer 363.000 dollars de droits de succession à la mort de la femme qu'elle avait épousée légalement car la DOMA lui interdisait de bénéficier du même régime fiscal que le dernier survivant d'un couple hétérosexuel.
Barack Obama l'a immédiatement appelée, pour la féliciter, depuis Air Force One en se rendant en Afrique. Il a également téléphoné à Chad Griffin, le président de la plus grande organisation d'homosexuels Human Rights Campaign.
Le ministre de la Défense Chuck Hagel a aussitôt annoncé que les époux de militaires homosexuels allaient disposer des mêmes droits et prestations que les conjoints mariés hétérosexuels.
La décision sur la DOMA a été lue par le juge Anthony Kennedy, nommé par un président républicain qui a voté ici avec les quatre juges progressistes. Le président de la haute Cour John Roberts et ses trois autres collègues conservateurs ont voté contre.
Sur le deuxième recours, qui concernait le mariage gay en Californie, c'est le juge Roberts qui a lu la décision au nom de l'ultra-conservateur Antonin Scalia et de trois progressistes.
Dans ce cas, la majorité a refusé de se prononcer, estimant que la plainte de militants contre le mariage gay en Californie n'était pas recevable, le rendant de nouveau possible dans cet Etat de la côte ouest.
«C'est un jour magnifique pour l'Amérique», s'est félicité l'avocat David Boies qui défendait le dossier californien.
«Après des années de bataille, la Cour suprême a fait du mariage gay une réalité en Californie», s'est félicité Edmund Brown, le gouverneur de cet Etat, où le mariage gay a été brièvement autorisé en 2008. Il a ordonné que les bans soient à nouveau publiés dès que possible pour les couples gays.
Ces décisions ont entraîné un déluge de réactions parmi les élus, les juristes, les organisations de défense des droits de l'homme et des homosexuels.
Mais pour les conservateurs, elles ont été vécues comme un «scandale» et une «honte». «L'arrêt sur la DOMA rend maintenant inévitable la normalisation de la polygamie, de la pédophilie, de l'inceste et de la zoophilie», s'est insurgé Bryan Fischer, pour l'American Family Association.
Quand l'archevêque de New York Timothy Dolan a parlé de «jour tragique pour le mariage et pour notre nation», le pasteur Gary Hall, qui dirige la cathédrale de Washington, dit avoir fait sonner les cloches de l'édifice pour célébrer «une nouvelle ère dans notre pays».