L'ONU épluche les sources de financement des taliban afghans
Reuters
Les talibans ont récolté entre mars 2011 et mars 2012 la somme d'environ 400 millions de dollars constituée de taxes et impôts divers, d'extorsion de fonds visant notamment les trafiquants de drogue et les opérateurs de téléphonie mobile, et de dons, révèle un rapport des Nations unies destiné au Conseil de sécurité.
Selon cette étude publiée mardi et réalisée par l'instance chargée de superviser les sanctions de l'ONU, environ 275 millions de dollars ont effectivement bénéficié aux dirigeants de la rébellion islamiste afghane, le reste étant collecté, dépensé ou ayant été mystérieusement «englouti» à des échelons intermédiaires.
Les dons, source majeure de revenues
«L'instance analyse ainsi les finances des talibans: les revenus issus de la mise à contribution de l'économie locale servent essentiellement à financer les opérations locales, et seule une infime partie de ces revenus parvient au plus haut de l'échelle», lit-on.
«Les revenus tirés de l'extorsion de fonds pratiquée sur des secteurs à l'échelle nationale tels que le trafic de stupéfiants, le BTP et les entreprises de transport, les opérateurs de téléphonie mobile, les companies minières et les projets d'aide et de développement vont à la commission des finances des taliban, qui dépend directement de la direction du mouvement».
Les dons constituent une autre source majeure de revenus qui vont directement à la direction du mouvement. Par ailleurs, les rapporteurs mettent en garde contre l'idée reçue selon laquelle la principale source de revenus des insurgés afghans serait la contrebande de l'opium provenant des champs de pavots du pays. L'Afghanistan a longtemps été le premier fournisseur mondial d'opium avec environ 90% de la production totale d'opium.
Insurrection dans les provinces
Le rapport évalue à environ 100 millions de dollars en 2011-2012 les revenus tirés de l'opium par les insurgés, soit une faible proportion de la valeur de la récolte annuelle (entre 3,6 à quatre milliards de dollars) du pays. «Cela donne à penser que les taliban ne déploient pas de grands efforts pour exploiter cette source de revenus potentielle», écrit l'ONU.
«Tout en rapportant assez pour financer une bonne partie de l'insurrection dans les provinces où l'on cultive le plus le pavot comme l'Helmand, Kandahar et Uruzgan, l'argent tiré du trafic de stupéfiants est insuffisant pour financer le coût des opérations rebelles ailleurs». Les impôts locaux levés par les insurgés comprennent une taxe de 10% sur les récoltes et un impôt de 2,5% sur la richesse, indique le rapport.