John Galliano renaît à Londres avec le défilé Margiela
MODE•Le couturier britannique revient sur les podiums ce lundi, quatre ans après avoir sabordé sa carrière en lançant des propos antisémites sous l'emprise de l'alcool...A.D. avec AFP
John Galliano est tombé en disgrâce et a été licencié de Dior après des propos antisémites tenus sous l'emprise de l'alcool en 2011. Quatre ans plus tard, le couturier britannique de 54 ans fait son grand retour ce lundi avec son premier défilé haute couture pour Maison Martin Margiela. Initialement prévu dans le cadre de la semaine de la haute couture parisienne, le défilé aura lieu à «l'heure du thé» dans un immeuble moderne du centre de Londres, a annoncé la maison en décembre dans le magazine Bof.
Quatre ans de disgrâce
Après deux années passées loin des médias et du monde de la mode, John Galliano a été invité pour quelques semaines à New York par Oscar de la Renta pour reprendre ses marques.
Galliano a ainsi refait parler de lui lors de la Semaine de la Mode à New York en février 2013, après la présentation d'un défilé très apprécié du créateur disparu en août, auquel il avait apporté sa touche.
Il s’était expliqué en juin 2013 dans une longue interview au Vanity Fair US, puis dans d’un talk-show américain: «J’étais alcoolique», «c'est la pire chose que j’ai dite dans ma vie, mais je ne le pensais pas» et «j’essaie de me racheter du mieux que je peux», y disait-il en substance.
Ce défilé pourrait marquer une renaissance pour le designer, qui affirme ne plus boire, avoir fait un gros travail psychologique et a présenté ses excuses à plusieurs reprises, niant être raciste ou antisémite.
Symbole de cette renaissance, il présente sa nouvelle collection à Londres, ville où il a grandi et où il a fait ses premiers pas dans la mode, et non à Paris.
Une association surprenante
Après trois ans et demi d'une quasi-excommunication, Renzo Rosso, le président du groupe OTB détenant Maison Margiela, a annoncé en octobre l’arrivée de John Galliano à la tête des lignes de prêt-à-porter et de la ligne Maison Martin Margiela Artisanal. Il avait salué l’arrivée d'un «couturier unique et exceptionnel au sein d'une maison qui a toujours innové et bousculé le monde de la mode».
L'association a surpris, en raison du minimalisme caractérisant l'esthétique de la griffe, qui contraste avec la flamboyance des créations du Britannique.
D’autre part, le profil très médiatique de John Galliano est en rupture avec la culture de l'anonymat de la maison créée et dirigée de 1988 à 2009 par le très secret créateur belge Martin Margiela. La direction artistique était assurée jusqu'ici par un collège de créateurs anonymes et tous les employés sont vêtus d'une blouse blanche.
Une «parenté» dans la technique
«Il sera intéressant de voir si le temps passé par John Galliano à l'écart de l'industrie de la mode l'a incité à une évolution créative, et s'il a essayé d'adapter son esthétique à celle de la marque qu'il représente», commentait sur son blog début janvier Vanessa Friedman, journaliste mode du New York Times.
«Du côté de Margiela, il y a toujours eu une valorisation du côté banal du vêtement, du détail qui généralement n'est pas valorisé, le froissé, les doublures... alors que chez Galliano il y a eu une exacerbation de la magnificence du vêtement», rappelle l'historienne de la mode Lydia Kamitsis.
Selon l’experte, la maison et le couturier partagent «une même perspective du rapport à la technique vestimentaire, de la valorisation du fait main, de l'attachement au détail, de l'analyse de l'histoire».Anna Wintour en robe Margiela par Gallliano (David Fisher/REX/SIPA).
Le couturier a en tout cas pu compter sur quelques soutiens indéfectibles pendant sa traversée du désert, qui pourraient être présents lundi, comme Kate Moss, dont il avait créé la robe de mariée. Et la rédactrice en chef de Vogue US, Anna Wintour était apparue dans une robe noire ornée de fleurs blanches Margiela par Galliano lors de la soirée des British Fashion Awards en décembre à Londres, lui a apporté une caution de poids.