L'adieu à Tignous, «fils de la banlieue»
DiaporamaAurélie Delaunoy
Proches, amis, artistes ont rendu ce jeudi un dernier hommage à Tignous, l'un des dessinateurs tués dans l'attaque de Charlie Hebdo, saluant le talent de ce «fils de la banlieue» à la mairie de Montreuil (Seine-Saint-Denis), trop petite pour accueillir la foule.
Réalisation: Aurélie Delaunoy
Proches, amis, artistes ont rendu ce jeudi un dernier hommage à Tignous, l'un des dessinateurs tués dans l'attaque de Charlie Hebdo, saluant le talent de ce «fils de la banlieue» à la mairie de Montreuil (Seine-Saint-Denis), trop petite pour accueillir la foule.
Réalisation: Aurélie Delaunoy
Avant ses funérailles au Père-Lachaise, ils étaient plusieurs centaines à se recueillir dans la salle des fêtes et sur le parvis de la mairie de cette ville où Bernard Verlhac, dit Tignous, vivait depuis 30 ans.
Auteur de BD caustique et engagé, Tignous avait débuté dans les années 80, traquant la folie du monde avec un humour percutant et un peu désespéré. Il avait 57 ans.
Sur le parvis de la mairie, où deux écrans retransmettaient la cérémonie, des centaines de personnes, venues avec des pancartes «Je suis Charlie» ou simplement un exemplaire de Charlie Hebdo, partageaient leur peine.
«Ça te ferait chier de nous voir là aujourd'hui, avec nos gueules ravagées», a lancé la dessinatrice de Charlie Hebdo, Coco, sur l'estrade où trônait son cercueil, griffonné de mots et de dessins de ses proches. «On ne doit pas être tristes mais émus et fiers de t'avoir connu. Toi, le dessinateur de talent, le génie de la couleur, le roi de la déconne», a poursuivi la voix tremblante celle qui était présente lors de l'attaque de l'hebdomadaire, qui a fait douze morts, le 7 janvier.
«C'est fondamental qu'il ne soit pas mort pour rien, il faut regagner le droit de ne pas nous taire. Et rappeler qu'ils étaient tous pacifistes, non violents, républicains», a souhaité, dans un hommage «à son plus bel amour», Chloé Verlhac, son épouse. Il était un «bon mari, un bon amant, et un papa extraordinaire», a-t-elle ajouté.
L'humoriste Christophe Alévêque a entonné le chant des partisans italien «Bella Ciao», un «genou à terre», à côté de son cercueil.
Ses amis lui ont aussi rendu un hommage musical. Le trompettiste Ibrahim Maalouf a joué un morceau lors de la cérémonie.
La ministre de la Justice Christiane Taubira étaient présente. Le dessinateur, «dans un esprit décalé et ciselé», avait croqué de nombreux grands procès, a rappelé la ministre, affirmant qu'il «n'y a pas de tabou» en dessin. «On peut tout dessiner, y compris un prophète, parce qu'en France, pays de Voltaire et de l'irrévérence, on a le droit de se moquer de toutes les religions», a déclaré Christiane Taubira.
Ce «fils de la banlieue», dessinateur «génial», selon le maire de Montreuil Patrice Bessac (Front de Gauche), s'était installé dans cette commune proche de Pais depuis trente ans et y vivait avec sa femme et ses enfants.
Plusieurs centaines de personnes, quelques unes avec des badges «Je suis Charlie», se sont ensuite retrouvées pour son inhumation au cimetière du Père-Lachaise, dans le nord-est de Paris.
Aux sons d'une fanfare, ils se sont longuement succédé pour déposer des fleurs et rendre hommage au dessinateur.
Dans la foule, on a pu voir le dessinateur Plantu.
La journaliste Natacha Polony et son mari Perico Legasse étaient également présents.