MEDIANews of the World: Rupert Murdoch se défend, échappe à une tarte à la mousse à raser

News of the World: Rupert Murdoch se défend, échappe à une tarte à la mousse à raser

MEDIALe patron du groupe News Corp et son fils ont été passés au grill par une commission britannique...
P.B. avec Reuters

P.B. avec Reuters

On était quelque part entre la tragédie Shakespearienne et le vaudeville tarte à la crème, mardi. Littéralement, même, lorsqu'un homme a tenté d'entarter Rupert Murdoch, semble-t-il avec une assiette couverte de mousse à raser. Des millions de téléspectateurs ont vu Wendy, la femme du magnat des médias, sauter à sa rescousse et tenter de gifler l'assaillant, alors que la séance de la commission spéciale de Westminster était interrompue brièvement. Mais sur le fond, le passage au grill du patron de News Corp et de son fils dans le cadre de l'affaire des écoutes téléphoniques qui secoue la Grande-Bretagne a été moins mouvementée.



Dans les premières minutes de son audition, Rupert Murdoch a surpris l'auditoire en prenant la parole inopinément. «Je voudrais juste dire une phrase: c'est le jour le plus humiliant de ma vie», a-t-il déclaré.

Le magnat australo-américain, qui s'est forgé un empire médiatique sans égal dans le monde anglo-saxon, s'est dit avoir été «choqué, écoeuré et honteux» en prenant conscience de l'ampleur de l'affaire il y a deux semaines. Prié de dire s'il se sentait responsable de «tout ce fiasco», Rupert Murdoch a répondu d'un «non» catégorique.

News of the World, «1% de mon groupe»

Lorsque les députés lui ont demandé à qui la responsabilité de ce scandale pouvait être alors imputée, il s'est montré plus loquace, en restant toutefois assez vague. «Les personnes à qui j'ai fait confiance, et peut-être les personnes à qui ces personnes ont fait confiance», a-t-il dit, avant que son fils ne prenne la parole pour dire que ni Rebekah Brookes ni Les Hinton, un autre démissionnaire du groupe, n'étaient au courant de ces pratiques.

Visiblement agacé et mal à l'aise dans le rôle de l'accusé, Rupert Murdoch s'est défendu en expliquant que News of the World, qui a mis la clé sous la porte, était une goutte d'eau dans son empire et qu'il n'était pas responsable personnellement de ce qui était arrivé. «Ce n'est pas une excuse. Peut-être s'agit-il de l'explication de mon laxisme. Le News of the World représentait moins de 1% de mon groupe. J'emploie 53.000 personnes à travers le monde», a-t-il dit.

De son côté, James Murdoch a dit vivement regretter les écoutes effectuées par des journalistes du groupe et a assuré qu'il ferait en sorte que de tels actes ne se reproduisent pas. «Nous regrettons profondément cela, moi, mon père, et nous tous, à News Corp. Ces actes ne sont pas à la hauteur de ce à quoi aspire notre entreprise (...), et nous sommes résolus à redresser la situation, à faire en sorte que de telles choses ne se reproduisent pas, pour redevenir l'entreprise que, je le sais, nous avons toujours aspiré à être», a-t-il dit. Alors qu'un député évoquait «l'ignorance paisible et coupable des dirigeants d'Enron», les Murdoch père et fils ont catégoriquement réfuté toute faute.

Cameron de retour mardi soir

Entendue par les députés quelques minutes après lui, l'ancienne rédactrice en chef de News of the World Rebekah Brooks, a joint ses excuses à celles exprimées un peu plus tôt par les deux hommes.

La protégée de Rupert Murdoch, âgée de 43 ans, a démissionné vendredi de la direction de News International, la branche britannique de News Corp, le groupe de presse de l'homme d'affaires australo-américain. Elle a été libérée sous caution lundi après avoir été longuement interrogée par la police dans le cadre de l'enquête.

Le scandale qui secoue la Grande-Bretagne a des répercussions qui menacent jusqu'au Premier ministre, David Cameron, qui a décidé d'écourter un déplacement en Afrique. Il devait être de retour mardi soir à Londres, afin de participer mercredi à une séance extraordinaire à la Chambre des communes, dont les vacances ont été repoussées.

David Cameron est vivement critiqué pour l'embauche en 2007 d'Andy Coulson en tant que responsable de sa communication. Andy Coulson venait alors de démissionner de ses fonctions de rédacteur en chef de News of the World, le journal au coeur du scandale, en raison de la condamnation d'un journaliste du tabloïd pour piratage de messageries téléphoniques.

Andy Coulson a quitté en janvier ses fonctions auprès de David Cameron, qui affronte sa plus grave crise depuis son arrivée au pouvoir en mai 2010.