Les Y'a Bon awards ou le meilleur du pire

Les Y'a Bon awards ou le meilleur du pire

Rions contre, mais aussi avec, le racisme. Contradictoire ? « Non, essentiel pour mener à bien le combat antiraciste », estime Rokhaya Diallo. Elle préside l'association Les Indivisibles à l'origine de la première cérémonie parodique des Y'a Bon Awar...
Alice Coffin

Alice Coffin

Rions contre, mais aussi avec, le racisme. Contradictoire ? « Non, essentiel pour mener à bien le combat antiraciste », estime Rokhaya Diallo. Elle préside l'association Les Indivisibles à l'origine de la première cérémonie parodique des Y'a Bon Awards. Hier soir, les Y'a Bon - titre inspiré par la publicité Y'a bon Banania - ont récompensé « pour les dénoncer », souligne Rokhaya Diallo, les politiques, journalistes, essayistes, auteurs « des propos les plus racistes ».

Parmi les premiers lauréats figurent Pascal Sevran pour le prix « A titre posthume », Alain Finkielkraut pour le prix « Tu l'aimes ou tu la quittes », Yvan Rioufol du Figaro pour le prix de « L'académie bien française » ou encore Luc Ferry pour le prix « Le bruit et l'odeur ». « Il a devancé Philippe Candeloro et son « Je pense qu'elle aura mérité un bon bol de riz » adressé à une patineuse asiatique. « Ce genre de dérapage est à distinguer des propos d'un Sarkozy, ou d'autres, qui ont fait de ces sorties un fonds de commerce », détaille Rokhaya Diallo. Mais on ne veut rien laisser passer. Pour que les personnalités réfléchissent avant de parler. On combat la banalisation de certains propos publics. » Par le rire, donc. « Une forme de combat à la fois très anciennne et typique d'une époque, estime Jean-Marie Denquin, professeur de droit public et auteur de Langage et politique. Très ancienne « parce que brocarder, sur le mode humoristique, les comportements méprisants des célébrités se fait depuis des siècles. Avant, on les représentait en marionnette, du plâtre sur la tête et on leur balançait des tomates en riant. Même si, comme ici, le fond était sérieux. Il s'agit à la fois d'un plaisir, d'une revanche et d'une manière de dissuader ». Mais les Y'a Bon Awards « sont aussi un signe de l'émergence médiatique du politiquement correct. Et ce n'est pas une critique ! Avant, on expliquait les propos d'un Georges Frêche [nommé pour l'ensemble de son oeuvre] comme une connerie de fin de banquet. Maintenant, on y est beaucoup plus attentif et ces comportements sont condamnés. » Grâce, notamment, « à la télévision, à Internet, qui démultiplient l'écho de ces dérapages ». ■