MEDIAS«Charlie Hebdo»: Riss fait un journal «pour le jour où les morts reviendront»

«Charlie Hebdo»: Riss fait un journal «pour le jour où les morts reviendront»

MEDIASLe patron de l’hebdomadaire satirique estime que « Charlie doit être là où les autres n’osent pas aller »…
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Riss pense « tout le temps » aux morts de Charlie Hebdo. « Je me demande parfois si je ne fais pas un peu le journal qu’ils auraient fait, le journal pour le jour où ils reviendront. Pour moi, ils ne sont plus là mais ils n’ont pas disparu », explique-t-il, ému. Protégé par cinq gardes du corps, ce qu’il trouve « juste un peu contraignant », le patron de l’hebdo satirique raconte avec fierté comment les survivants ont réussi à faire renaître le journal que les frères Kouachi croyaient avoir tué. « Un journal de combat », notamment pour la laïcité.

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« On se demande quel est l’avenir de la laïcité en France », a-t-il déclaré ce mercredi matin sur France Inter alors que l’édition spéciale de Charlie Hebdo commémorant le massacre survenu au sein de la rédaction il y a un an, paraissait dans les kiosques. La Une, montrant un dieu armé sous le titre « 1 an après l’assassin court toujours », a fait polémique. « Il faut rappeler que l’existence de Dieu est une hypothèse car on n’est pas sûr que Dieu existe. Cela repose sur une idée, une invention, un fantasme. C’est ce qu’on a essayé de mettre sur la couverture », a avancé Riss au micro de la radio.

« Il faut un peu bousculer les gens sinon ils restent sur leurs rails »

Dans une interview accordée à l’AFP, il précise : « Charlie doit être là où les autres n’osent pas aller. Pour cette couverture, je voulais dépasser telle ou telle religion et toucher à des choses plus fondamentales. C’est l’idée même de Dieu que nous, à Charlie, on conteste. En affirmant les choses clairement, ça fait réfléchir. Il faut un peu bousculer les gens, sinon ils restent sur leurs rails. »

Quitte à heurter certaines sensibilités, donc, à l’image de ce prêtre qui a écrit à la rédaction de Charlie Hebdo : « J’ai défilé pour vous le 11 janvier, je trouve votre couverture scandaleuse. » « Comme si pour lui le 11 janvier était un contrat : j’ai défilé pour vous, alors vous vous calmez », analyse Riss. « D’autres nous demandent pourquoi on a mis le Dieu des chrétiens en une et pas celui des musulmans, ou pourquoi on dit du mal de Marine Le Pen… alors que nous avions lancé une pétition pour la dissolution du Front national ».

Etre Charlie ou ne pas être Charlie, telle est la question qui a agité plusieurs débats lors des douze mois écoulés. Riss estime que « l’esprit Charlie est partout sur la Terre mais il faut un révélateur chimique. (…) Partout, des gens partagent nos valeurs mais ne s’expriment pas. Charlie pourrait les aider à s’exprimer, et faire au niveau mondial ce que le journal a fait depuis quarante ans dans l’Hexagone. » Charlie comme « un journal de combat », donc, « mais un combat marrant, déconnant ! »