Pourquoi TF1 veut racheter la société qui produit «Plus belle la vie»
MEDIAS•Avec un nouveau PDG à sa tête, la chaîne privée se montre déjà offensive...M.P. avec AFP
L’annonce en a surpris plus d’un ce jeudi matin : en pleine succession à sa tête, TF1 est entrée en négociation exclusive avec la société de prodution Newen, au catalogue très fourni, de Plus belle la vie à Versailles, en passant par Faites entrer l’accusé.
Plus de 5000 heures de programmes
Si cette prise de contrôle se concrétisait, TF1 deviendrait ainsi l’un des principaux fournisseurs de programmes de ses concurrents, les chaînes du service public et Canal+, et frapperait ainsi un grand coup.
Newen est en effet un acteur phare du marché de la production et distribution audiovisuelle : plus de 1.300 heures de programmes au sein de ses 4 filiales Telfrance, Capa, Be Aware et 17 juin Media, pour un chiffre d’affaires d’environ 200 millions d’euros.
Il possède aussi un catalogue de plus de 5.000 heures de programmes couvrant l’ensemble des genres audiovisuels : fiction, jeux, divertissement, documentaire, reportage et animation. On y retrouve notamment les séries Plus Belle la vie, Braquo, Candice Renoir, Le sang de la vigne, Nina et Versailles, ainsi que les émissions de flux Les Maternelles, L’effet Papillon, Le Magazine de la Santé et Faites Entrer l’Accusé.
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France Télévisions, a tenu à souligner « son attachement » à ses programmes (Plus belle la vie, Faites entrer l’accusé, Le magazine de la Santé ou Les maternelles) mais n’a pas souhaité faire « d’autres commentaires à ce stade ».
Si aucun montant n’a été évoqué pour l’instant sur le montant de l’éventuelle transaction entre TF1 et Newen, la chaîne privée dispose en tout cas d’un joli pactole issu de la revente d’Eurosport à Discovery : plus de 730 millions d’euros.
La production, le nouveau nerf de la guerre
« Dans un premier temps, les synergies avec le groupe TF1 seraient limitées, ce dernier ayant des obligations en matière de contraintes d’investissements pour des fictions auprès des producteurs indépendants », explique le courtier Gilbert Dupont, même si « la grille de programmes pourrait être optimisée notamment sur les chaînes TNT (TMC, NT1 et HD1) avec la diffusion gratuite de contenus ». En effet, les décrets dits Tasca, du nom de la ministre de la Culture de Lionel Jospin, imposent que les chaînes de télévision commandent 85 % de leur production à des sociétés indépendantes.
« Le rachat d’un producteur européen est une bonne nouvelle pour le groupe TF1, estime le courtier parisien Gilbert Dupont. Ce dernier va pouvoir diversifier ses revenus dans la production mais également à l’international ». Cette annonce « laisse certainement des marges de manoeuvre pour d’autres opérations », analyse Philippe Bailly, du cabinet d’analystes NPA.
Cela permet aussi de diversifier la source des revenus de la chaîne, qui ne peut plus se contenter de la publicité, vu que le marché n’est pas au mieux. Cette opération marque surtout un signe supplémentaire de la volonté des grands groupes audiovisuels comme TF1 de renforcer leurs moyens de production de contenus, nouveau nerf de la guerre des médias.
Newen a besoin de grandir pour le marché international
Pour les producteurs comme Newen, le fait de s’associer à un grand groupe témoigne de la nécessité de disposer de davantage de moyens, dans un contexte de vaste mouvement de rapprochement entre acteurs du secteur pour faire émerger des champions européens voire mondiaux. C’est d’ailleurs la société qui avait donné mandat à la BNP pour trouver un acquéreur.
Vivendi, propriétaire de Canal , avait ainsi annoncé début septembre vouloir prendre une prise de participation minoritaire dans le groupe qui naîtra de la fusion des sociétés de production européennes Banijay et Zodiak, futur troisième groupe mondial de création de programmes. « Dans le secteur de la production, il y a la constitution de groupes internationaux de plus en plus puissants. Cela posait à Newen la question de savoir s’il avait la taille critique pour pouvoir rester un acteur majeur dans le paysage de la production de demain », explique Philippe Bailly.