MEDIASLuc Mathieu, Cécile Allegra et Delphine Deloget, lauréats 2015 du Prix Albert-Londres

Luc Mathieu, Cécile Allegra et Delphine Deloget, lauréats 2015 du Prix Albert-Londres

MEDIASLa plus prestigieuse récompense du journalisme francophone a été décernée ce samedi à Bruxelles...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le prix Albert Londres 2015, plus prestigieuse récompense du journalisme francophone, a été décerné samedi à Bruxelles au reporter de Libération Luc Mathieu, pour des articles sur le jihad, et au duo Cécile Allegra-Delphine Deloget, auteures d'un reportage sur l'effroyable trafic d'êtres humains dont sont victimes des Erythréens.

Les trois lauréats sont donc français, bien que l'association du Prix Albert Londres ait choisi pour la première fois en 77 ans d'existence de décerner ses lauriers dans la capitale belge, afin notamment de souligner la portée internationale de la récompense.

Luc Mathieu récompensé pour sa série d'articles sur le jihad

Luc Mathieu, né en 1974 et grand reporter à Libération depuis 2011, après avoir étudié le journalisme à Lille, a été primé pour une série d'articles sur le jihad réalisés en Syrie, au Kurdistan et en Irak et traitant à la fois de ceux qui sont victimes du jihad, de ceux qui le combattent et de ceux qui le mènent.

«Il ne faut pas oublier la Syrie»

Choisi parmi 67 candidats, dont dix avaient été sélectionnés en finale, Luc Mathieu a été «remarqué depuis plusieurs années par la solidité de son travail sur des terrains périlleux de l'actualité», faisant preuve «d'un talent constant», a relevé le jury.

«Il ne faut pas oublier la Syrie, il ne faut pas laisser ce pays s'autodétruire sans le dire, il faut continuer à y aller», malgré un «niveau de risque qui dépasse les limites du tolérable» pour les journalistes, a lancé Luc Mathieu en recevant son prix.

Libération propose sur son site les extraits et liens de six reportages de Luc Mathieu.

Cécile Allegra et Delphine Deloget et l'enfer vécu par les réfugiés érythréens

Cécile Allegra et Delphine Deloget ont pour leur part remporté le 31e prix décerné dans la catégorie «audiovisuel» pour «Voyage en barbarie», une production Memento diffusée en France sur la chaîne Public Sénat le 18 octobre 2014 et qui sera rediffusé lundi.

Télérama propose de voir le documentaire en ligne jusqu'au mardi 3 juin:



«Albert Londres avait dénoncé le fléau de l'esclavage en son temps mais le scandale du trafic d'êtres humains existe encore au XXIe siècle. Delphine Deloget et Cécile Allegra révèlent le traitement inhumain dont sont victimes les Erythréens dans le Sinaï. Un reportage coup de poing empreint cependant de pudeur et de dignité», a estimé le jury.

«Avec Delphine, on a vu le mal absolu, difficile à restituer», a déclaré, visiblement émue, Cécile Allegra, en évoquant les «camps de torture qui se sont mis en place de l'autre côté de la Méditerranée».

10.000 Erythréens ne seraient jamais revenus du Sinaï

Leur reportage raconte l'enfer vécu par les quelque 3 à 4.000 Erythréens qui, chaque mois, fuient leur pays vers le Soudan voisin. Une partie d'entre eux sont enlevés dans le désert, revendus et emmenés jusque dans le Sinaï égyptien, où ils subissent d'effroyables tortures «jusqu'à ce qu'ils meurent» ou que leurs proches paient des rançons exorbitantes, allant jusqu'à 50.000 dollars par personne. Une étude, citée par les deux journalistes françaises, estiment à 50.000 le nombre d'Erythréens passés par le Sinaï ces cinq dernières années, dont 10.000 ne sont jamais revenus.

Cécile Allegra, née en 1976, réalise des reportages et documentaires en presse écrite et pour la télévision depuis treize ans avec deux centres d'intérêt: la condition des hommes dans la guerre et l'évolution des mafias en Europe. Delphine Deloget, née en 1974, documentariste, réalise des films depuis 2003, dont «Qui se souvient de Minik ?» et «No London today» (qui traitait déjà du cas des réfugiés érythréens, cette fois à Calais).

Créé en 1933 en hommage au journaliste français (1884-1932), père du grand reportage moderne, le prestigieux prix récompense chaque année le meilleur reporter de presse écrite, et, depuis 1985, le meilleur reporter audiovisuel, de moins de 40 ans.