MEDIAS«C'est reparti» en kiosques, mais pour «Charlie Hebdo», rien n'est plus comme avant

«C'est reparti» en kiosques, mais pour «Charlie Hebdo», rien n'est plus comme avant

MEDIASLe nouveau numéro, le premier après celui des «survivants» publié après l’attentat du 7 janvier, est en kiosque depuis ce mercredi. Mais où en est la publication? Etat des lieux en six questions...
Anaëlle Grondin

Anaëlle Grondin

Près d’un mois et demi après la parution du «journal des survivants», le nouveau Charlie Hebdo sera en kiosques ce mercredi. Ce numéro, qui sera tiré à 2,5 millions d’exemplaires, a été élaboré dans les locaux du journal Libération, qui a accueilli les dessinateurs rescapés au lendemain de l’attentat du 7 janvier dans les locaux de l’hebdomadaire. Six questions que vous vous posez aujourd’hui sur Charlie Hebdo.

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A quel rythme va reparaître «Charlie Hebdo»?

Depuis le «numéro des survivants» avec Mahomet en une, publié une semaine après l’attentat meurtrier du 7 janvier, Charlie Hebdo a connu six semaines d’interruption. Sur cette période, près de 8 millions d’exemplaires de ce numéro historique du journal satirique se sont écoulés. Ce mercredi 25 février, ce sera donc le deuxième numéro de Charlie à paraître en kiosques après le drame. Il sera tiré à 2,5 millions d’exemplaires. A partir de cette date, il sera à nouveau publié à un rythme hebdomadaire.

Qui remplace le directeur de la publication Charb, assassiné le 7 janvier?

C’est Riss qui assure désormais cette fonction. Le dessinateur de 48 ans, qui a participé à la naissance de Charlie en 1992, a fait beaucoup de croquis d’audiences et couvert les procès Touvier et Papon pour le journal satirique. Après le départ de Philippe Val de la rédaction en 2009, il a co-dirigé le titre avec Charb. Riss était présent dans les locaux du journal le 7 janvier. Il a été blessé lors de l’attentat. «Quand les mecs sont entrés, je me suis couché avant même qu’ils commencent à tirer. Les autres sont restés debout. Un des gars a tiré un peu au jugé et m’a touché l’épaule, raconte-t-il à Libération. Quand ils sont partis, je n’ai pas bougé. Je pensais qu’il y avait peut-être un mec qui attendait pour achever les survivants.» Depuis l’attentat, le nouveau directeur de la publication est placé sous protection policière. Libération, qui accueille dans ses locaux les dessinateurs depuis près de deux mois maintenant, rapporte que Riss «s’est échappé quelques heures de l’hôpital où il fait sa rééducation de l’épaule» lundi pour piloter le bouclage du numéro à paraître.

Qui collabore aujourd'hui à «Charlie»?

De nouvelles plumes dessinent désormais pour l'hebdomadaire satirique
arget="_blank">De nouvelles plumes dessinent désormais pour l'hebdomadaire satirique aux côtés de Riss, Luz, Coco, Willem. D'abord René Pétillon, créateur du personnage emblématique Jack Palmer. Son album L'Enquête Corse avait reçu le Prix du meilleur album au festival d'Angoulême en 2001. Il avait également été adapté au cinéma par Alain Berberian avec Christian Clavier et Jean Reno dans les rôles principaux. C'est un collaborateur du Canard Enchaîné. Il y a aussi Ali Dilem, 47 ans. Ce dessinateur de presse algérien contribue au journal algérien La Liberté, mais aussi à l'émission Kiosque sur TV5 Monde.

Combien d’abonnés compte désormais le journal satirique?

Elan de solidarité envers les victimes, volonté de défendre la liberté de la presse et la liberté d’expression… Des dizaines de milliers de personnes se sont abonnées à Charlie Hebdo après l’attaque terroriste. Le titre compte aujourd’hui 240.000 abonnés. Un chiffre exceptionnel. Avant l’attaque terroriste, Charlie Hebdo comptait seulement 10.000 abonnés. Le défi est de pérenniser le nouveau public qui découvre l’hebdomadaire satirique. Il sera difficile à relever pour l’historien des médias Patrick Eveno. Interrogé par l’AFP début février, il estimait: «Ce ne sera pas simple de garder ces abonnés-là, qui sont venus pour exprimer leur solidarité et leur croyance dans la liberté d’expression.»

Combien d’argent a reçu le journal depuis l’attentat?

Charlie Hebdo peut compter intégralement sur les abonnements et les recettes de ses ventes en kiosque pour vivre aujourd’hui. «Les recettes du journal [ventes et abonnements] seront consacrées intégralement à sa pérennisation, quel qu’en soit le montant», avait indiqué Eric Portheault, co-gérant de Charlie Hebdo, début février. «Il n’y aura pas de dividendes pour les actionnaires.» A raison de 70 euros en moyenne par abonnement, le journal devrait recueillir environ 17 millions d’euros. Par ailleurs, les 8 millions d’exemplaires du numéro des survivants devraient rapporter plus de 10 millions d’euros nets au journal. S’ajoutent une aide d’un million d’euros du ministère de la Culture pour aider à la pérennisation du titre, un don de 250.000 euros du fonds Google pour l’innovation numérique de la presse et 132.000 euros du journal britannique The Guardian. Le montant des dons envoyés par les particuliers à Charlie depuis le 7 janvier sera, quant à lui, intégralement reversé aux ayants droit des victimes. Il atteint désormais les 2,4 millions d’euros.

Où en était le journal l’an dernier?

Le journal satirique était en difficulté financière avant l’attentat. En novembre 2014, la rédaction avait lancé une cagnotte sur Internet et publié un article intitulé «Charlie est en danger» pour informer que la viabilité du journal satirique était menacée. «Il n'est pas question pour nous d'augmenter le prix de vente de Charlie, et pourtant il faut qu'on trouve rapidement les moyens de continuer à exister sans dépendre d'actionnaires extérieurs ou de l'attaque de banques», s’alarmait le titre.