Les médias russes entre contrôle interne et propagande externe
SPUTNIK PRAVDA•La vie des médias russes indépendants est de plus en plus compliquée. Alors que le Kremlin met en place des outils pour faire entendre sa voix à l'étranger…A.C. avec AFP
Comme The Economist ou Libération, de nombreux médias se préoccupent de la Russie cette semaine.
La Une de Libération du lundi 17 novembre 2014 - Libération
La Une de The Economist du 20 novembre 2014 - The Economist
Et comment la Russie s’occupe-t-elle, elle, des médias? «Le Kremlin utilise tous les moyens pour avoir une influence sur eux», estime Alexandre Morozv, un analyste indépendant interrogé par l’AFP. Son but est de renforcer le contrôle sur les médias populaires et d’obliger les rédactions à vivre dans des conditions d’autocensure, dans la crainte de poursuites». Exemple très récent: les mésaventures de la radio Echo de Moscou, un des tout derniers médias critiques du pouvoir, symbole de la liberté de ton de la période eltsinienne. Un de ses journalistes, Alexandre Plouichtchev, avait fait polémique en diffusant un programme qui rapportait le quotidien des soldats ukrainiens combattant les rebelles prorusses à l’aéroport de Donetsk.
Le contrôleur russe des médias avait alors reproché à Echo de Moscou la diffusion «d’informations qui légitiment des crimes de guerre». La direction de la radion, détenue à 66% par Gazprom Media, qui dépend du géant gazier Gazprom, avait, peu après, décidé de renvoyer le journaliste au motif qu’il avait publié un tweet de mauvais goût sur la mort du fils aîné de Sergueï Ivanov, le chef de l’administration présidentielle russe. Ce mercredi la direction a cependant annulé sa décision.
Sputnik veut imposer un point de vue russe au monde
Dans ce climat de contrôle des médias sur son territoire, où, dixit Alexandre Morozv «toute forme d’opposition et d’opinion critique est inacceptable», la Russie a lancé la semaine dernière en grande pompe Sputnik, un vaste service multimédia en langue étrangère. Le directeur du média, Dmitri Kisselev, présentateur controversé notamment pour des propos homophobes et antiaméricains, a donné le ton en décrivant un Sputnik «en lutte contre la propagande agressive qui nourrit le monde et impose un point de vue unipolaire».
Sputnik «raconte ce que les autres ne disent pas» martèle le slogan de la plateforme multimédia qui émettra en 30 langues en 2015. Sur le site on trouve des articles qui qualifient Barack Obama de «canard boiteux» ou estime que «L’Otan préfère ignorer les efforts russes pour stabiliser la situation en Ukraine». Des observateurs ont d’ores et déjà dénoncé cette nouvelle plateforme comme un outil de propagande du régime russe.
RT n'est pas approuvé
Sputnik n’est pas le seul média dans lequel investissent les autorités russes pour vendre la position du pays à l’étranger. Dès 2005, l'Etat avait ainsi lancé sa chaîne de télévision, diffusée en en anglais, en arabe et en espagnol: RT (autrefois baptisée Russia Today). Une version française est en cours d’élaboration.