INTERVIEWVIDEO. François Damiens: «Avec les Corses, ça démarre à la seconde»

VIDEO. François Damiens: «Avec les Corses, ça démarre à la seconde»

INTERVIEWFrançois Damiens est de retour avec de nouvelles caméras planquées tournées en Corse. Les Corses, les limites du ridicule, les coulisses du tournage: le comédien belge a répondu aux questions de «20 Minutes»…
François Damiens en 2013 à Cannes
François Damiens en 2013 à Cannes - LAMACHERE AURELIE/SIPA
Annabelle Laurent

Annabelle Laurent

En le voyant récemment au cinéma dans Suzanne ou Je fais le mort, on aurait pu douter que le comédien belge, de plus en plus sollicité par le cinéma français, reste fidèle à son premier amour: la caméra cachée.

Après la Suisse en 2012, François l’embrouille a pourtant sévi chez les Corses, et piégé de nouvelles victimes parmi lesquelles cette baby-sitter, dans cet extrait dévoilé en exclusivité par 20minutes.fr:



Avant la sortie du DVD ce mercredi 12 novembre, 20 Minutes s’est entretenu avec le roi de l’impro et de l’imposture.

Racontez-nous cette caméra planquée avec la baby-sitter…
Ça faisait longtemps que je voulais piéger des baby-sitters. On leur confie ce qu’on a de plus cher et les premiers contacts sont toujours particuliers, les enfants sentent qu’on va partir, tout le monde est mal à l’aise. On a contacté une quinzaine de baby-sitters et ce n'était pas facile parce que c’est une tranche d’âge qui me reconnaît assez vite… On en a gardé 4-5. Comme dans cet extrait-là, je voulais me faire passer pour quelqu’un d’étrange, mais ne jamais vraiment leur faire peur.

Celle-ci reste admirablement zen…
Elle avait surtout très envie que je quitte les lieux! Quand on lui a dit que c’était une caméra cachée, il a bien fallu cinq minutes pour qu’elle se déglace. Après elle en riait. Elle a regardé le piège suivant avec nous dans le car régie, et on en rigolait.

Pourquoi la Corse? Pour avoir moins de chances d'être reconnu?
Ils ont internet et la télé comme sur le continent, hein! C’était surtout pour les Corses eux-mêmes. J’avais tourné en Suisse la dernière fois, et ce n’est pas qu’ils n’aient pas de personnalité… mais les Corses ont un tempérament assez sanguin, ça démarre à la seconde. C’est beaucoup plus jouissif d’aller titiller quelqu’un qui a du répondant. J’avais l’impression de jouer avec une allumette à coté d’une nappe d’essence. En y allant deux fois en repérage, je me suis d'ailleurs demandé si ce n’était pas une fausse bonne idée, si je n’allais pas dans la cage aux lions. Au final, ça s’est super bien passé. Avec les Corses, un peu comme avec les Bretons, il y a un premier filtre difficile à pénétrer et une fois à l’intérieur, il y a une générosité, une sincérité… Ce n'est pas comme la gentillesse à l’américaine.

On vous a vu au cinéma dans des registres dramatiques, on pourrait s’étonner que vous reveniez à la caméra cachée…
Dans un film j’ai l’impression d’être un élément indépendant. Ici je m’occupe de la conception du produit de A à Z. J’aime la liberté totale que j’ai. J’aime pouvoir jouer. Une caméra cachée, c’est 7 à 8 heures par jour, la découverte de nouveaux endroits, de nouvelles situations, avec la même équipe depuis 15 ans.

Pour créer vos personnages, vous disiez à «Snatch» qu’au fond, vous étiez une éponge qui ne faisait «que pomper sur les autres»…
Oui, c’est continuel. J’adore observer les gens. Je ne prends pas de notes, évidemment. Ça peut être dans un restaurant, un médecin, un entraîneur. Je ne travaille pas avec des fiches. Quand je commence une caméra cachée, je ne sais pas quel personnage je vais être, je peux évoluer.

Vous vous inspirez du pire que vous décelez chez les autres?
Je n’ai jamais réglé mes comptes à travers la caméra cachée. C’est toujours gentil. Si une personne doit être ridicule, c’est moi. Je ne trouve pas qu’un piégé ait l’air ridicule. Un jour un dentiste m’a dit qu’il devait me retirer mes quatre dents de devant et j’avais dit ok, «si y’a pas le choix, y'a pas le choix»... C’était une caméra cachée. On est tous crédules à certains moments. Ce qui m’intéresse c’est d’aller chercher à l’intérieur de ce qu’il y a chez les gens. On peut tous se retrouver dans une situation où face à quelqu’un d’idiot, on est obligés d’être aussi idiot pour pouvoir communiquer, comme quand on parle à un enfant. En fait mon interlocuteur se retrouve impuissant face à la connerie humaine. Comme face à un mur.

Quand vous révélez le canular, la personne piégée peut s'opposer à la diffusion. Ce n'est pas trop arrivé cette fois-ci?
Ça a été. Mais on a dû arrêter une séquence qui risquait de mal tourner. J’étais un chef scout qui faisait du porte à porte, et c’était un peu intrusif d’aller chez les gens, les caméramans sont passés par-dessus les barrières de sécurité. Et les réactions étaient très rapides. On a mis la sécurité de l’équipe en péril.

On ne vous a quand même pas braqué un fusil dessus?
Pas loin du tout. En tout cas, dans l'équipe, on a pris notre dimanche.

Après la Suisse et la Corse, quelle sera la prochaine destination?
On n’a pas tout fait, il y a encore de la place. Mais ce n’est pas tant les régions – je ne peux juste pas aller dans les grandes villes où on me reconnaît – que les situations qu’il faut trouver. J’ai toujours la peur de lasser. J’arrêterai si je n’arrive plus à me renouveler.