Scandale des écoutes «News of the world»: Le procès s'ouvre lundi au Royaume-Uni

Scandale des écoutes «News of the world»: Le procès s'ouvre lundi au Royaume-Uni

JUSTICE – Huit accusés liés à l’ex-tabloïds vont comparaître à Londres…
A.G. avec AFP

A.G. avec AFP

Huit accusés liés à l'ex-tabloïd britannique News of the World (NotW) comparaissent à partir de lundi à Londres dans le procès explosif du scandale des écoutes téléphoniques qui a ébranlé l'empire Murdoch et au-delà, toute la presse et la classe politique au Royaume-Uni.

Les audiences pourraient s'étaler sur quatre mois et s'annoncent sensibles politiquement, étant donnée la personnalité des accusés. Les deux principaux -Rebekah Brooks et Andy Coulson, deux ex-rédacteurs en chef du tabloïd fermé en 2011- sont aussi d'anciens proches du Premier ministre David Cameron.

Ecoutes illégales et pots-de-vin

Ils sont poursuivis pour avoir illégalement mis sur écoute les téléphones portables de plus de 600 personnes, des célébrités comme l'ancien Beatle Paul McCartney mais aussi des gens ordinaires impliqués dans des faits divers.

Tous deux sont également accusés d'avoir versé des pots-de-vin à des fonctionnaires pour obtenir des informations.

Les caméras tenus à l’écart

Le procès ouvre formellement lundi devant le tribunal d'Old Bailey à Londres mais la première journée devrait être consacrée à la sélection des jurés avant d'entrer dans le vif des débats. Si le procès promet de susciter un fort intérêt médiatique, les caméras de télévision sont comme à l'accoutumée tenues à l'écart de la salle d'audience.

Et si les écoutes sont un sujet éminemment politique, les députés ont été priés de s'abstenir de commenter le procès lors de leurs débats, généralement hauts en couleur, à la Chambre des Communes. Les huit accusés, qui plaident tous non coupables, comparaissent libres.

Des documents cachés à la police

Ancienne rédactrice en chef des tabloïds News of the World (NotW) et Sun, puis directrice exécutive de la division britannique de l'empire Murdoch anciennement baptisée News International, Rebekah Brooks, femme de 45 ans à la flamboyante chevelure rousse, est la plus sévèrement mise en cause.

Outre les accusations d'écoutes et de corruption, elle est soupçonnée d'avoir caché des documents aux policiers.

Son mari Charlie Brooks, 50 ans, entraîneur de chevaux de course, son assistante personnelle Cheryl Carter, 49 ans, et l'ancien chef de la sécurité de News International Mark Hanna, 50 ans, sont aussi poursuivis pour dissimulation de preuves.

Un conseiller de David Cameron dans la tourmente

Autre personnalité de premier plan, Andy Coulson, 45 ans, a été le conseiller médias de David Cameron de 2007 à 2011, après son passage au NotW. Il lui est notamment reproché alors qu'il était patron de la rédaction, d'avoir payé des fonctionnaires pour obtenir un annuaire contenant les coordonnées téléphoniques de membres de la famille royale.

Deux autres anciens responsables du tabloïd, Stuart Kuttner et Ian Edmondson, ainsi que l'ancien correspondant royal Clive Goodman, seront également sur le banc des accusés.

Enquête sur les pratiques de la presse britannique

La retentissante affaire du "phone hacking" a culminé en juillet 2011. Rupert Murdoch avait alors dû fermer précipitamment le News of the World, plus gros tirage de la presse anglaise vieux de 168 ans, après la révélation que le téléphone portable de Milly Dowler, une jeune fille disparue et finalement retrouvée assassinée, avait été mis sur écoute par le journal.

Le scandale a abouti à une longue enquête publique sur les pratiques de la puissante presse britannique, menée par le magistrat Brian Leveson. Au nombre des victimes, Hugh Grant et une ribambelle d'autres victimes d'intrusions de la presse tabloïde sont venus livrer leur expérience.

Un nouveau régulateur?

Mais le rapport qui a résulté de ce grand déballage, préconisant la mise en place d'un organe indépendant de surveillance capable de contraindre les journaux à mieux se comporter et en cas de dérive à publier des excuses et à payer des amendes exemplaires, est resté jusqu'à présent lettre morte.

Si les principaux partis politiques se sont mis d'accord pour mettre en place un nouveau régulateur, leur projet suscite l'opposition de la plupart des journaux, qui y voient une tentative de contrôle du pouvoir politique. L'industrie de la presse a annoncé son intention de recourir à la Haute Cour et l'adoption du projet est désormais incertaine.