«The Newsroom», la série 100% Sorkin
SERIE•Le scénariste de «The Social Network» et créateur de «The West Wing» revient à la télévision avec «The Newsroom», diffusée samedi sur Orange cinéma séries novo...Philippe Berry
De notre correspondant à Los Angeles
Aaron Sorkin revient à ses premiers amours: la politique et la télévision. Après son Oscar pour le scénario de The Social Network, la prestigieuse chaîne HBO lui a donné carte blanche pour la série «The Newsroom», qui arrive samedi à 20 h 40 sur Orange cinéma séries novo.
Sorkin a toujours été fasciné par les coulisses. Celles d'une émission sportive dans «Sports Night», de la Maison Blanche dans «The West Wing». Et désormais d'une chaîne d'info continue à la CNN avec «The Newsroom». «Ce n'est qu'un cadre. Ce qui m'intéresse surtout, ce sont les relations humaines dans les coulisses du pouvoir, politique ou médiatique», explique-t-il.
Des abus de «sorkinismes»
Dans la série, un présentateur endormi par son succès (Jeff Daniels) et son ex (Emily Mortimer) partent en croisade contre leur direction pour faire «du vrai journalisme». Au placard, l'info prémâchée et la course à l'audience, place à une «mission civilisatrice», tonne Daniels.
Sorkin ancre sa série dans un passé récent et revisite des événements comme la marée noire du golfe du Mexique, la montée du Tea Party ou la mort de Ben Laden. Accusé par une partie des critiques américains de brosser un portrait trop romantique et trop simplificateur du journalisme, il se défend: «Je ne suis pas là pour donner des leçons mais pour divertir. “The Newsroom” est avant tout une comédie romantique. Si je peux faire réfléchir, c'est du bonus.»
En interview, Sorkin parle comme il écrit: vite et bien. Dans la série, il use et abuse des «sorkinismes», ces envolées verbales faites de longues tirades débitées avec un sens de la répartie surhumain, souvent en marchant (la fameuse technique du «walk and talk»). Celui qui s'est mis à l'écriture «pour impressionner les filles» dit avant tout aimer «la musique de la langue». Pour Sorkin, «chaque mot a sa place, comme chaque instrument dans une symphonie».
Un débit effréné
Jeff Daniels compare cette musique à du théâtre. Selon lui, «quand des dialogues sont ciselés avec une telle précision, un acteur les apprend religieusement sans changer une virgule». Avec le rythme de la télévision, la mission n'est pas toujours facile. La Britannique Emily Mortimer avoue avoir eu du mal avec l'accent américain et le débit effréné. Heureusement, son personnage est finalement devenu anglais pour lui faciliter la vie.
Si la patte de Sorkin se reconnaît aussi facilement, c'est que contrairement à la pratique en vogue sur les séries américaine, il n'écrit pas en équipe. Celui qui a passé deux ans enfermé dans une chambre d'hôtel du Four Season à fumer du crack pour terminer le scénario du film The American President, au milieu des années 1990, décrit son processus créatif: «J'utilise une équipe de scénaristes pour les recherches. On “brainstorme” ensemble. Mais quand vient le moment de l'écriture, c'est un travail solitaire. J'ai besoin de m'isoler.» Comme un compositeur.