SORTIESComment la Plaine devient le hotspot de la vie nocturne de Marseille?

#20MINUIT. Comment le quartier de la Plaine est devenu le hotspot de la vie nocturne de Marseille?

SORTIESA Marseille, le quartier du Plateau est devenu le repère des noctambules. Mais pendant longtemps, ses rues étaient le repère des grossistes...
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • Longtemps, le quartier du Plateau a été un immense marché de gros
  • Mais à la fin des années 1970, les légumes s'en vont
  • La surface des locaux commerciaux délaissés permet l'ouverture de salles de spectacle comme l'Espace Julien.

20 Minutes est partenaire de la Conférence nationale de la vie nocturne qui se tient à Paris, jeudi et vendredi. A cette occasion, nous avons décidé de nous intéresser aux activités, pratiques, modes de consommation, etc. liés à la nuit.

Tout noctambule marseillais qui se respecte a, au moins une fois dans sa vie, arpenter le cours Julien et autres rues du Plateau. Dans ce coin de Marseille connu également sous le nom de la Plaine ont fleuri bars alternatifs et autres lieux de fête. Mais les plus anciens se souviennent : le quartier n'a pas toujours vécu au rythme des bières, loin de là !

Quand les légumes s’en vont…

Le quartier du Plateau, et le cours Julien en particulier, vit depuis des années la nuit. Mais avant de venir y chercher des bières, les Marseillais grimpaient sur cette colline du sixième arrondissement pour y dégoter… des légumes et des fruits. Depuis la fin du XIXe siècle, des grossistes y revendaient des victuailles sur ce cours Julien, sorte de halle nocturne à ciel ouvert.

Mais à la fin des années 1970, la municipalité décide de relocaliser cette activité maraîchère sur le marché d’intérêt national des Arnavaux. S’ensuit un plan d’aménagement. Les travaux durent une dizaine d’années. La station « Notre-Dame-du-Mont Cours Julien » au cœur de la Plaine, sur le cours Julien ouvre en 1984.

Des locaux vides pour de nouveaux projets

Dans la même période, de nombreux restaurants et bars alternatifs ouvrent leurs portes dans les friches maraîchères délaissées. Le pub La Maison hantée ouvre ainsi en 1985, L’Intermédiaire en 1989. Marianne Doullay, coordinatrice générale de l’association Cours Julien, a vécu cette époque. Elle se souvient de l’arrivée du métro mais aussi du contexte historique particulier qui favorise selon elle la mutation du quartier vers un lieu de fête.

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« En 1981, c’est l’arrivée de Mitterrand qui soutient la culture et aide à l’émergence d’un mouvement associatif. C’est là que les cafés-théâtres de la Plaine vont ouvrir. Y’a rien, des espaces vides, et des gens qui ont des projets et qui sont soutenus politiquement. » « Un des atouts des quartiers, ce sont les locaux », abonde Patrick Bardou. L'homme est un autre pilier du quartier, cofondateur de la maison d’édition Parenthèses sur le cours Julien. Et de lancer : « Ils sont grands, en hypercentre. Quand on a 300 m², on peut mettre une scène, des chaises, une salle de spectacles ! »

Et ainsi naquit l’autre Marseille. Entre deux graffs, dont la qualité est mentionnée dans tous les guides touristiques, la Plaine accueille depuis sa mutation des lieux tous plus originaux les uns que les autres, du café/cinéma au bar associatif, où l’on doit payer sa cotisation avant de payer sa tournée, sans oublier ses nombreux restaurants. Un projet de cinéma d'art et d'essai est même dans les tiroirs.

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L'Espace Julien, l'un des piliers du quartier

Cette mutation a été soutenue par l’un des piliers du quartier : l’Espace Julien, sur le cours Julien. Cette salle de spectacles de 1.000 places debout est l’une des rares de cette capacité en plein centre-ville. En 1973, la Halle Omer Decugis est transformée en centre socioculturel par la ville de Marseille. En 1984, la Maison Pour Tous devient deux entités distinctes : un centre social et un équipement à vocation culturel, l’Espace Julien.

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Dès son ouverture, la salle se démarque par sa programmation, qui fait la part belle aux musiques du monde et aux musiques actuelles (rock, jazz, hip-hop). Au programme par exemple pour cette rentrée, Passi, les BB Brunes ou encore Anaïs. De quoi amener sur le cours Julien une foule cosmopolite de mélomanes, ravis de pouvoir « aller au spectacle à pied », comme le note Patrick Bardou, qui est également directeur de l’Espace Julien. « Cette salle a contribué au développement de la vie nocturne du quartier. L’Espace Julien propose plusieurs rendez-vous chaque semaine, et cela a profité à d’autres commerces du quartier, les bistrots, les bars, pour qui c’est une véritable manne ! »

Des fêtes à ciel ouvert

Mais la nuit, dans le quartier de la Plaine, les rues grouillent de fêtards qui investissent l’espace public, cotoyant au passage quelques zonards. Pendant des années, la Plaine est même devenue, le temps d’un week-end, le hotspot de la vie nocturne à ciel ouvert, à travers sa fête de quartier organisée par l’association Cours Julien. Créée en 1998, ce festival attire au fil des années une importante foule. « C’était la folie !, se souvient dans un grand sourire Marianne Doullay. A l’époque, c’était sur trois jours, avec sept scènes dans le quartier, une sur chaque place. On recevait plus de 50.000 personnes ! »

La dernière édition se tient en 2010. « Nous avions trop de propositions, la fête nous a dépassé », explique Marianne Doullay. Mais l’ADN de la Plaine en reste marqué : dans ce quartier, la vie nocturne est désormais liée à la fête, dans les bars comme à l’extérieur.