Education nationale: Des contrats aidés supprimés à Marseille à cause de problèmes budgétaires
COUPES BUDGETAIRES•Pour des efforts budgétaires, le gouvernement ne prolonge pas certaines assistantes d’éducation dans les écoles primaires et dans le secondaire…Adrien Max
L'essentiel
- Des aides administratives à la direction d’école (AAD) de Marseille ont appris que leurs contrats ne seraient pas renouvelés à la veille des vacances scolaires.
- Des problèmes budgétaires obligeraient le gouvernement à privilégier la reconduction des auxiliaires de vie scolaire plutôt que celle des AAD.
«J’ai reçu un coup de téléphone le 28 juin m’apprenant que mon contrat qui devait être renouvelé le 1er juillet ne l’était pas ». Claire, 60 ans, est, ou plutôt était, aide administrative à la direction d’école (AAD) dans une école primaire de Marseille. Elle avait obtenu ce poste de 20 heures par semaine, rémunéré 600 euros par mois, grâce au contrat unique d’insertion (CUI) délivré par Pôle emploi, via le ministère du Travail. Il s’adresse principalement aux chômeurs de longue durée ou aux travailleurs handicapés.
Drame humain
Selon le syndicat Force ouvrière, ils seraient environ 150 à être dans ce cas à Marseille. « Sans compter tous ceux qui devaient être renouvelés en août », prévient Claire. Les écoles primaires et les collèges sont concernés. Reconduits tous les six mois ou tous les ans, tous s’attendaient à l’être le 1er juillet. Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu’ils ont appris qu’ils devaient rester chez eux pour la dernière semaine d’école de l’année. Claire se révolte :
« « C’est un drame pour beaucoup d’entre nous. Certains ne vont pas pouvoir partir en vacances, d’autres se retrouvent dans des situations financières très précaires du jour au lendemain. » »
Si leurs contrats avaient été reconduits, ces personnes auraient touché leurs salaires en juillet et en août, avant de reprendre le chemin de l’école en septembre. Avec cette décision, leurs salaires ne sont plus versés.
Un drame humain pour certains, et de grosses difficultés organisationnelles pour d’autres. Valérie Rosato est directrice de l’école primaire du Cours Julien, dans le 6e arrondissement : « A aucun moment, ces contrats n’ont été remis en question par le nouveau gouvernement. Je ne m’étais pas du tout préparée à faire face à cette situation. » Alors qu’elle bénéficiait de l’aide d’une AAD depuis près de 10 ans, Valérie Rosato doit désormais tout gérer seule : « Je continue de donner des cours et la fonction de directrice nécessite beaucoup de travail. Surtout à cette période où on nous demande des bilans, mais aussi de préparer la rentrée prochaine », explique-t-elle.
Problème budgétaire
Franck Neff, secrétaire départemental chez Force ouvrière, est scandalisé par la situation :
« « Ce n’était encore jamais arrivé, ces personnes ont appris du jour au lendemain qu’elles étaient mises sur le carreau alors qu’elles étaient déjà dans des situations précaires. Leur travail est essentiel. » »
Pour lui, la raison de ces non-reconductions est tout simplement budgétaire. « Le ministère n’a pas envoyé les enveloppes allouées pour ces contrats et la préfecture a dû notifier aux lycées employeurs qu’ils n’étaient pas reconduits », avance-t-il. Le gouvernement s’était pourtant engagé à ne pas réduire les moyens alloués à l’éducation nationale. Si ces contrats sont gérés par le ministère du Travail, ils concernent directement le bon fonctionnement de l’Education nationale.
Le ministère du travail découvre la situation
La préfecture des Bouches-du-Rhône confirme que la décision émane bien d’eux, via la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP). Elle précise, sans pouvoir fournir davantage d’explications :
« « On a reçu une note de la DGEFP qui indiquait un changement pour les contrats aidés. A cause d’un effort budgétaire, on nous a demandé de privilégier les auxiliaires de vie scolaire » »
Pour Franck Neff, ce choix est motivé par le fait que les auxiliaires de vie scolaire sont visibles puisqu’elles interviennent directement dans les classes, contrairement aux AAD.
Contactés tôt dans la journée, ni le rectorat de l’académie d’Aix-Marseille, ni le ministère du Travail, n’étaient en mesure d’apporter des précisions ou des explications quant à la situation de ces personnes. Le ministère du Travail semblait découvrir la situation, alors même que la DGEFP en dépend directement. Si la situation ne semble concerner, pour l’instant, que le département des Bouches-du-Rhône, elle pourrait s’étendre à la France entière, selon Force ouvrière.