REPORTAGEVIDEO. Fusillade à Avignon: «Ça devient Chicago», pestent les habitants

VIDEO. Fusillade à Avignon : «Ça devient Chicago», le ras-le-bol des habitants du quartier de la Grange d’Orel

REPORTAGEDeux hommes ont tiré en pleine rue près de la mosquée de ce quartier d'Avignon, faisant huit blessés...
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • Une fusillade a éclatée dimanche dans un quartier d'Avignon
  • Les enquêteurs privilégie un règlement de comptes
  • Les habitants sont sous le choc

Entre les barres d’immeuble du quartier de la Grange d’Orel à Avignon, la tension est palpable. Mis à part quelques jeunes près de leurs scooters, les trottoirs sont presque déserts dans la rue Barcelona.

Certains habitants refusent de donner leurs vrais prénoms. Mais tous sont stupéfaits. A quelques mètres de là, ce dimanche, vers 22 h 30, deux hommes cagoulés sont sortis d’une voiture et ont tiré, tout près de la mosquée Arrahma.

« Il y avait du monde dehors, et même des touristes étrangers pour le festival d’Avignon. Et là, ils sont sortis et ils ont tiré, » raconte Mehdi*, la mine grave, témoin direct de la scène. Et d’affirmer : « Ils étaient cagoulés. Ils ont tiré sur des familles. Y’a même une petite fille qui a été touchée. »

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Selon les informations communiquées par le parquet, la fusillade a en effet fait huit victimes, dont une fillette de 7 ans, touchée par des ricochets d’éclats de plomb. Aucun mort n’est à déplorer. Parmi les huit blessés, aucun n’avait de pronostic vital engagé, a indiqué le parquet.

« Je n’ai pas dormi de la nuit »

Quelques heures après les faits, c’est un cri de colère teinté d’angoisse que poussent les habitants du quartier de la Grange d’Orel. « J’ai cru au début que c’était une voiture qui explosait, parce qu’ils brûlent régulièrement les voitures, explique Arifa. Mais c’était des tirs. Je n’ai pas dormi de la nuit. J’ai dit à ma fille de 17 ans qu’elle ne sortirait plus. Il y en a ras le bol, on supporte déjà les bruits, les scooters. Moi, quand j’ai aménagé ici, c’était écrit "calme" sur l’annonce. C’est désastreux. Je veux déménager. »

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« Ça devient Chicago », déplore Monique. « Ça fait 18 ans que je vis ici, et c’est plus comme avant. Une balle perdue est si vite arrivée… ça craint. Ça ne donne plus envie de sortir », poursuit Jessica. « Qu’ils arrêtent de nous faire chier ! », s’exclame une riveraine au passage.

Qui ça, « ils » ? C’est toute la question qui occupe les enquêteurs ce lundi. La thèse du règlement de comptes à la suite d’un différent survenu plus tôt dans la soirée est pour le moment privilégiée. Mais sur place, les avis divergent. Plusieurs habitants pointent du doigt le trafic de drogues qui sévirait dans le quartier. « C’est une minorité qui pose problème, avance Claude. Bientôt, nous aurons plus la loi et ils prendront le dessus. » « Ils veulent faire comme à Marseille », abonde Michel.

La mosquée visée ?

Un discours loin de celui de Mehdi. « Un règlement de comptes, ça vise une personne, poursuit-il. Là, ils ont marché, pris le temps de recharger, et tiré sur tout le monde sans distinction, des fidèles qui sortaient de la mosquée… Une scène à la Columbine. » Cette fusillade intervient quelques jours après qu’un homme a tenté jeudi de foncer en voiture sur des fidèles de la mosquée de Créteil. A Avignon, selon le parquet, la mosquée n’était pas visée par les tireurs selon les premiers éléments de l’enquête.

En ce lundi matin, c’est aussi un sentiment d’abandon qui anime les habitants. « Nous avons le droit de vivre correctement. Nous sommes délaissés, regrette Mehdi. Il faudrait des associations, des commerces. Regardez ! Là, il n’y a que deux boutiques, et elles vont bientôt fermer, les commerçants partent à la retraite. » « Il n’y a pas assez de surveillance. Il faudrait que les policiers passent, même la nuit, demande Jessica. Là, ils vont peut-être venir un mois, et après, tout reviendra comme avant. »

L’antenne d’Avignon du SRPJ (service régional de police judiciaire) de Montpellier a été chargée de l’enquête. Sollicitée, la mairie n'a pas souhaité répondre à nos questions, renvoyant vers le préfet, qui n'a pas pour le moment donné suite à nos sollicitations.

*Les prénoms ont été modifiés.