VIDEO. Emancipation par la «raclée», retraites, gymnase insalubre: Mélenchon en campagne dans une salle de boxe à Marseille
PRESIDENTIELLE•Immense déception: le candidat Front de Gauche n'a pas enfilé les gants...Jean Saint-Marc
Ce n’est pas tous les jours que l’on couvre une visite politique en chaussettes. Mais ce mercredi, Jean-Luc Mélenchon visitait le club de boxe Furacao, dans les quartiers nord de Marseille. Sur les fragiles tatamis, seul le candidat a pu garder ses souliers (vernis), pas les journalistes. Pieds nus elles aussi, une quinzaine de jeunes femmes ont fait une rapide démonstration de MMA (mixed martial arts).
« Rien qu’en les voyant, ça me donne mal partout », a souri Jean-Luc Mélenchon, apparemment content de la séquence médiatique. Pour cette journée internationale des droits de la femme, le coup de com' a été parfaitement orchestré par son équipe… Et le cocktail ne pouvait que séduire les journalistes : Marseille + quartier chaud (il s’appelle pourtant Frais Vallon) + jeunes filles qui boxent = images sympas pour les télés. Nous étions donc une trentaine sur place, une meute, pour la petite histoire, touchée par… Un oignon, lancé d’une fenêtre de HLM par de jeunes garçons. Original.
Au moment du drame (on plaisante, hein), Jean-Luc Mélenchon était déjà dans le petit gymnase, escorté de près par Sarah Soilihi, doctorante en droit, candidate aux législatives et… championne du monde « de je ne sais plus quoi » (de kick-boxing, pour info, Jean-Luc).
Ce dont Jean-Luc Mélenchon voulait à tout prix parler :
- Du salaire égal hommes/femmes. C’est venu très vite dans son intervention, depuis le ring du gymnase. Pour Jean-Luc Mélenchon, « si les femmes étaient payées autant que les hommes à compétence égale, le surcroît de cotisations sociales permettrait de financer la retraite pour tous à 60 ans et avec 40 annuités. » Revenant à deux reprises sur cette proposition, le candidat a insisté : « J'attends que quelqu’un me prouve que ce n’est pas possible ! »
- Des droits des femmes en général. « La capacité de mettre une raclée à quelqu’un qui veut vous en mettre une, c’est un moment d’émancipation », a affirmé Jean-Luc Mélenchon. « Le sport de combat n’appartient pas aux hommes », a complété Sarah Soilihi. « Emanciper, j’sais pas, sourit Housaïmata, jeune maman de 26 ans qui vient de commencer la boxe. Mais je suis d’accord, ça m’apporte une certaine assurance dans la vie ! »
- Du FN, aussi (un peu). Savoir se battre, c’est utile dans un quartier « mal fréquenté, puisque c’est une mairie FN », a blagué Mélenchon. Plus sérieux : « Ces jeunes femmes ici sont des insoumises, c’est une forme de résistance ». Il faut dire que les responsables de la salle en veulent beaucoup au maire frontiste Stéphane Ravier, « qui nous a autorisé l’accès à ce gymnase insalubre, mais sans aucun moyen », râle Samatha Jean-François, prof de boxe (elle ausi double championne du monde). La mairie centrale (LR) et le Conseil départemental (LR), « qui ne donnent aucune subvention », ne sont pas épargnés non plus.
En deux minutes, une visite guidée permet de constater les dégâts : le plafond fuit, le lavabo aussi, les toilettes sont à la turque, il n’y a qu’un vestiaire, pas de douche et les verrous semblent bien fragiles…
Les sujets qui l’énervaient :
- La venue de Hamon la veille. Tiens donc, JLM à Marseille une journée seulement après Benoît Hamon. Un calcul ? « Non, franchement, un pur hasard, une coïncidence ! » Le candidat hausse les épaules. Son attachée de presse tente un : « On peut recentrer les questions sur la parité, les droits des femmes, tout ça ? »
On en a discuté avec Housaïmata après coup : « C’est déjà bien que les candidats viennent dans nos quartiers même si oui, c’est complètement de la com' ! » Son vote ? Elle se décidera dans l’isoloir, mais on devine que ça se jouera entre le candidat PS et celui du Front de Gauche.
- Emmanuel Macron et la division de la gauche. Mélenchon s'énerve : « Je m’en fiche moi, que le PS ait un, deux, trois candidats, ce n’est pas mon problème ! » Pareil, le collègue qui a tenté de lui parler de « favoris » et de « sondages » s’est fait sèchement renvoyer dans ses 22 : « La course de chevaux, c’est le point de vue le plus lamentable sur la politique ! »
- L’affaire François Fillon. Mélenchon a « un mal de chien à mettre sur scène un sujet d’intérêt général ». Il aimerait donc parler d’autre chose. En gros, confronter les idées, plutôt que d’écouter le concert de casseroles. « Est-ce que c’est pour ça qu’on vote, les amis ? » a-t-il demandé aux journalistes (oui oui, on est désormais ses « amis », comme quoi…). Avant de répondre : « Non, on vote pour un programme ».
La politique « n'est pas un combat », il l'a répété plusieurs fois... Mais « projet contre projet », Mélenchon a tout de même hâte d'en découdre.