Avignon: Il s'enferme une semaine à l’intérieur d'une grande bouteille
CULTURE•Abraham Poincheval passe une semaine à l’intérieur d’une bouteille transparente de 6 mètres de long…A.R.
Cette fois, elle dérive, poussée par le Rhône. La bouteille géante, nouvel habitat de l’artiste marseillais Abraham Poincheval, s’est échouée jusqu’à dimanche à Villeuneuve-lès-Avignon.
« J’aime beaucoup l’idée de la bouteille à la mer lancée dans les eaux, emportée par les courants puis qui arrive d’ailleurs, sur un rivage », raconte-t-il.
Un projet lancé en 2015
Le projet a débuté l’an dernier. La bouteille en plexiglas de 6 mètres de long et de 1,90 de diamètre avait alors échoué pendant dix jours sur une plage de Port Saint-Louis, en Camargue.
Depuis, elle remonte le Rhône en s’arrêtant pour quelques étapes au bord du fleuve. On l’a vue d’abord à Villeurbanne, puis à Arles. Bientôt, elle repart à Vaulx-en-Velin, du 24 au 29 août, puis à Andancette, du 8 au 13 septembre.
Le Citron Jaune, Centre National des Arts de la Rue, producteur du projet, a intégré la bouteille d’Abraham Poincheval à l’événement artistique et gratuit « Grand Cru(e), un projet pour le Rhône », autour du risque d’inondation. A chaque étape de la bouteille, un lien est fait avec des festivités locales, comme cette semaine avec le festival Villeuneuve en scène.
« Les gens sont interpellés »
Car depuis l’intérieur de sa bouteille, Abraham Poincheval entre cette fois-ci en contact avec son public. Cet habitué des projets atypiques a déjà passé en février une semaine, perché à 12 mètres du sol sur une plate-forme de 90 centimètres de long et 1,60 mètre de large, à Rennes. En 2014, il est resté treize jours à l’intérieur d’un ours naturalisé au musée de la Chasse et de la Nature. Auparavant, il s’est aussi enterré une semaine dans un trou, la première fois dans le sol d’une libraire de Marseille, la seconde sous le parvis d’une place de Tours.
Avec ce projet, le public vient à lui. « Les gens sont interpellés par cette sculpture géante et ont une deuxième surprise : celle de voir qu’elle est habitée », souligne Abraham Poincheval depuis sa bouteille de 4 m2 dans laquelle il vit, dort, boit, mange, en autonomie. A l’intérieur, il dispose du minimum requis : un lit de camp, 30 litres d’eau, des repas lyophilisés, un réchaud et un bocal en guise de toilettes.
« Les gens me parlent, ils m’entendent aussi, c’est comme deux mondes qui se côtoient, estime l’artiste. Je vois aussi tout autour de moi, la bouteille est comme une loupe. A Villeurbanne, je voyais la vie de la place de 8 heures à 3 heures, le changement de population ». Et Abraham Poincheval est minutieux, il tient son journal de bord, qu’il souhaite publier plus tard.
Dimanche, il sortira par le goulot, à 21 heures. « Vers la fin je ressens toujours un peu de tension, une inquiètude car je quitte le quotidien de ma bouteille pour retrouver mon ancien quotidien, souligne l’artiste. Il y aura certainement des curieux avec qui je pourrai parler, qui vont poser des questions ». Un public ravi d’emporter avec eux l’histoire du petit homme coincé dans une grande bouteille.