VIDEO. Agression d'un professeur juif à Marseille: «Depuis les attentats de Toulouse en 2012, les choses se sont dégradées»
FAITS DIVERS•Un enseignant juif s'est fait agresser lundi matin à Marseille...Mickael Penverne
C’était l’incompréhension ce lundi matin devant l’Institut franco-hébraïque de la Source (9e) où, à quelques mètres de là, un enseignant s’est fait agresser à la machette par un adolescent d’âgé à peine 16 ans. Présent sur place, le président du Consistoire israélite de Marseille, Zvi Ammar, se montrait très inquiet après cette nouvelle agression antisémite. « On est dans un quartier très calme, très tranquille. Cela veut dire que tout peut arriver aujourd’hui, a-t-il déclaré. Deux mamans m’ont interpellé tout à l’heure pour me dire : "Jusqu’où ?" Aujourd’hui, on conduit nos enfants à l’école et on n’est pas sûr de les récupérer le soir. Que fait-on ? Malheureusement, je n’ai pas la réponse. »
L’agresseur a été interpellé quelques minutes après avoir frappé l’enseignant. Son cartable aurait été retrouvé aux abords de l’Institut franco-hébraïque de la Source. Selon Jocelyn Zeitoun, du CRIF Marseille-Provence, les enquêteurs ont retrouvé ses cahiers. « Il y avait des feuilles de cours avec des bonnes notes : des 17 et 18. Comment un bon élève peut se laisser embarquer dans une histoire comme celle-là ? Il savait très bien qu’en voulant tuer quelqu’un, il fermait la porte de son avenir, de sa vie même. C’est terrifiant de voir qu’il y a des jeunes gens qui sont capables de rentrer dans ce processus de radicalisation qui nous effraie tous ».
La deuxième agression en deux mois
Il s’agit de la deuxième agression d’un enseignant juif en moins de deux mois à Marseille. En novembre, un professeur d’histoire du centre communautaire Yavné, situé dans le 13e arrondissement, s’était fait taillader le torse et les bras par trois individus cagoulés. Selon les représentants de la communauté juive, le nombre d’agressions verbales et physiques est en progression depuis quelques années malgré le dispositif de sécurité mis en place aux abords des écoles juives dans le cadre du plan Sentinelle.
A Marseille, où vivent entre 60.000 et 70.000 juifs, près de 400 militaires et 200 policiers sont déployés dans le cadre de ce dispositif. Chaque entrée et sortie de classe est ainsi protégée par des soldats ou des policiers. « Jusqu’à présent, nous avions un vivre ensemble convenable, a indiqué Jocelyn Zeitoun. Mais depuis les attentats de Toulouse en 2012, les choses se sont dégradées. Et je ne vois pas comment on peut penser que les choses vont s’arrêter là ».
Le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Laurent Nunez s’est rendu sur place lundi vers midi pour exprimer la « solidarité du gouvernement » à la communauté juive et sa « détermination à assurer la protection de l’ensemble des sites dans les Bouches-du-Rhône (…) notamment des écoles comme celle-ci ». Le parquet de Marseille a ouvert une enquête pour « tentative d’assassinat en raison de la religion » et « apologie du terrorisme ».