OM : Coups de bâtons et caresses, la communication de mauvais père de famille de Michel
FOOTBALL•L'Epagnol est-il si bon diplomate que sa réputation le prétend?...Christine Laemmel
On le disait fort en communication. Très présent sur les réseaux sociaux, Michel distribue depuis son arrivée à la Commanderie en costume bleuté, sourires et regards en biais. Surtout, il couvre d’éloges ses joueurs, quand ils sortent du terrain une victoire en poche. « C’est un rêve éveillé, s’extasiait le technicien le 23 août après avoir écrasé Troyes (6-0). Ce qu’on a vu ce soir, c’est grâce à eux. » Deux mois plus tard, le rêve s’est cassé les dents sur sept équipes d’affilé. Et le champion du Real Madrid a changé de ton quand il évoque « ses » joueurs.
Un José Mourinho bis ?
Le basculement s’opère fin septembre. L’OM est sous le coup d’une fermeture à titre conservatoire de ses virages et vient de chuter face à Angers. Interrogé sur la composition de l’équipe pour affronter le Slovan Liberec (0-1), l’entraîneur ibère saisit la balle au bond : « J’essaie de choisir une équipe qui obéit aux besoins du jour. Mais des joueurs souhaitent se reposer par peur de se blesser. Ils choisissent les matchs qu’ils veulent jouer et ceux qu’ils ne veulent pas disputer ». Ce soir-là, Michel est affable. Des sanctions sont-elles prévues contre ces joueurs ? « C’est une excellente question, bondit le manager, sourire narquois aux lèvres. (…) N’oubliez pas que c’est toujours la faute de l’entraîneur sauf après une victoire. »
« Pour ce match contre Lille, il n’y a pas de place pour ceux qui ne réalisent pas l’enjeu de cette rencontre. pic.twitter.com/pkRmPWYk5y — Míchel (@MichelGonzalez) October 24, 2015 »
Depuis, Michel alterne caresses et coups de bâtons. Avec une préférence pour les menaces au fur et à mesure que l’OM s’enfonce dans le classement. « Il prend un peu le chemin d’un José Mourinho que certains disaient aussi stratège, compare Patrick Chanceaulme, expert en management sportif, mais qui n’est qu’un provocateur qui souffle le chaud et le froid ». Apogée fin octobre, avant la victoire à Lille. « Lassana Diarra est un vrai homme, lâche Michel en conférence de presse. Il nous en manque dix pour le moment ». « C’est une stratégie catastrophique, commente l’auteur de "Les entraîneurs sont-ils entraînés ?". C’est une forme de jugement qui crée la division. »
« Il alimente lui-même l’angoisse des joueurs »
Une agressivité pourtant condamnée à multiples reprises par le coach espagnol. « Les joueurs se sentent stressés, argumentait un Michel qui se refusait à pousser une gueulante dans les vestiaires à la mi-tems d’OM-Angers (1-2). » Plus tard, il expliquait vouloir « maintenir le moral dans l’équipe » tout en refusant de « prendre la défense de [ses] joueurs », en peine sur le terrain.
« Le vent commence à tourner autour de Michel. Son sourire charmeur fait auj' face à des visage fermés. L’impatience ronge les rangs. #OM — BasileBowie (@BasileBowie) October 21, 2015 »
Michel, l’habile diplomate qui assurait en août qu’on ne l’entendrait « jamais dire du mal » de ses ouailles, se contredit. « Il alimente lui-même l’angoisse des joueurs », analyse Chanceaulme. Il « crée de la distance » avec eux, comme lorsqu’il leur annonce face caméra qu’il ne les a pas choisi. « Qu’un entraîneur meilleur que moi vienne ici et qu’il s’assoie à cette table avec les plats, le vin et le dessert d’un autre », envoyait-il cette semaine. « Le message que reçoit le joueur, poursuit le spécialiste, c’est qu’il n’est pas désiré. Ce sont des fautes de management. » Et des maladresses affectives pour celui qui se revendique en « père de famille » qui « refuse de crier sur [ses] enfants ».
Reste qu’en titillant l’égo des joueurs, Michel a réussi, à Lille, à faire sortir l’OM d’un cercle vicieux de sept matchs sans victoires. « L’effet pervers est que chaque fois maintenant, il devra faire appel à ce procédé, nuance Chanceaulme. Et ça marchera de moins en moins bien, jusqu’à ce que les joueurs le laissent tomber. » Et claquent la porte de la maison familiale en faillite.