POLITIQUEBouches-du-Rhône: La fédération socialiste n'a pas encore toute sa tête

Bouches-du-Rhône: La fédération socialiste n'a pas encore toute sa tête

POLITIQUEJean-David Ciot a été officiellement mis à l'écart en juillet...
Mickael Penverne

Mickael Penverne

Qui va remplacer Jean-David Ciot comme tête de liste dans les Bouches-du-Rhône pour les élections régionales ? A trois mois du premier tour, le Parti socialiste n’a toujours pas réglé la question. Le candidat du PS Christophe Castaner avait écrit en juin au Premier secrétaire du parti, Jean-Christophe Cambadélis, pour lui demander la mise à l’écart du Premier secrétaire fédéral.

En cause : sa convocation devant la cour d’appel d’Aix-en-Provence le 25 novembre dans l’affaire de son licenciement du Conseil général. Jean-David Ciot a bien été relaxé en première instance en décembre 2014, mais ce nouveau « rendez-vous judiciaire (qui intervient deux semaines avant le premier tour des régionales) est totalement incompatible avec la nécessaire éthique de la campagne en PACA », estimait à l'époque Christophe Castaner.

Sous la pression, Jean-David Ciot avait aussitôt indiqué qu’il était prêt à céder sa place. Pourtant, deux mois plus tard, rien n’a changé. « La majorité des militants de la fédération a validé la liste aux régionales. Cette liste a été ensuite entérinée par les instances nationales. Pour l’instant, d’un point de vue statutaire, on en est là », explique laconique son entourage qui reconnaît cependant, à demi-mot, que la discussion n’est pas terminée avec le chef de file aux régionales.

« Il est sympa François-Michel… »

Officiellement, Jean-David Ciot est donc toujours tête de liste. Officieusement, le Premier secrétaire fédéral serait à la recherche d’un remplaçant. Plusieurs noms circulent déjà dans les rangs de la fédération. Mais l’un d’eux fait sursauter tout le monde, ou presque : François-Michel Lambert. En juin, le député des Bouches-du-Rhône (ex-EELV) s’était affiché aux côtés de Jean-David Ciot (et de Jean-Luc Bennhamias du Front Démocrate) pour présenter un « rassemblement des forces socialistes et écologistes » en vue du scrutin de décembre.

Quelques semaines plus tard, le colistier serait donc en passe de devenir tête de liste dans le département d’une liste de « rassemblement ». C’est en tout cas ce que craignent plusieurs barons de la fédération qui sont vent debout contre cette hypothèse. « Il est sympa François-Michel, c’est quelqu’un que j’aime bien. Mais la dernière fois, il a fait 7 % (aux municipales à Gardanne), lâche Benoit Payan, conseiller départemental. De toute façon, il faut être clair, la tête de liste ne pourra pas être autre chose que socialiste ».

Les opposants à Jean-David Ciot ont donc avancé un autre nom, celui de Michel Pezet, ancien président du conseil général des Bouches-du-Rhône. L’intéressé, qui dispose d’une certaine autorité morale au sein de la fédération, reconnaît que le « bruit circule » et qu’il y est même « sensible ». Mais, et c’est peu de le dire, il n’a pas l’air emballé par la proposition : « La situation n’est pas terrible au niveau national et local. Le manque de réflexion et de stratégie est assez désespérant. On assiste même à une sorte de dépérissement. Tout le monde se moque de tout le monde en espérant que chacun va pouvoir sauver sa tête. Je n’ai pas l’intention de participer à cette désespérance ».

Tir au pigeon

Si ce n’est pas Jean-David Ciot, François-Michel Lambert ou Michel Pezet, qui osera s’aventurer sur ce terrain miné ? Car une chose est sûre : le candidat idéal devra avoir les reins solides, et pas grand-chose à perdre. « Personne ne le dit mais ce sera un vrai tir au pigeon, souffle un élu. Et puis, le risque de gagner est quand même très mince ». Avant l’été, les socialistes et leurs alliés craignaient déjà de terminer en troisième position, derrière les deux favoris, Marion Maréchal-Le Pen pour le Front national et Christian Estrosi pour Les Républicains.

Un sondage publié début juillet donnait en effet la première à 32 % des intentions de votes, le second à 29 %, et Christophe Castaner loin derrière à 17 %. Deux mois plus tard, certains socialistes pensent désormais finir quatrième derrière LR, le FN et l’alliance (probable mais toujours pas actée) Front de gauche-Europe Ecologie-Les Verts. Conclusion désabusée du même élu marseillais : « Celui qui va y aller sera carbonisé pour la suite ».