JO 2024: «Marseille devrait être une Mecque de la voile»
VOILE•Christopher Pratt, skipper marseillais, évoque les chances de la ville pour les JO…Propos recueillis par Christine Laemmel
Marseille capitale de la culture en 2013, capitale du sport en 2017 et peut-être centre mondial de la voile en 2024. En pôle position parmi les six villes candidates pour accueillir les épreuves de voile des JO en 2024, Marseille a-t-elle vraiment ses chances ? Avant d’avoir, ce lundi 7 septembre, la réponse officielle, 20 Minutes a interrogé Christopher Pratt, skipper marseillais, en course pour le Vendée Globe 2016.
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Pourquoi soutenez-vous la candidature de Marseille ?
Je soutiens toute initiative qui pourrait faire de Marseille une capitale internationale de la voile. C’est un site hors-norme qui devrait être une Mecque de la voile.
Les courses les plus célèbres ne semblent pas être la priorité de la ville, à la différence de La Rochelle, Brest et le Morbihan (également candidats)…
En Bretagne et en Vendée, ça fait 40 ans qu’il y a des courses comme le Vendée Globe, la route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la transat Jacques Vabre, qui partent devant chez eux, donc forcément ils ont une culture liée à ce type d’événements. Après, on peut se dire, à Marseille, les courses au large ce n’est pas pour nous, parce que c’est déjà fait ailleurs. A ce moment-là, mettons le paquet sur les courses proches du littoral comme la Coupe de l’America et les régates des JO.
Peut-on devenir une « Mecque de la voile » si on ne mise pas sur les courses au large ?
A l’international, les villes qu’on identifie comme telles sont Newport (Etats-Unis), Sydney (Australie), Barcelone (Espagne). Ce sont des endroits où l’on fait avant tout des courses proches du littoral en équipage. En France, l’histoire de la voile c’est l’aventure. C’est Bernard Moitessier, Eric Tabarly et les grandes traversées en solitaire. Ce n’est pas du tout le yachting avec de riches armateurs qui font la Coupe de l’America. Avec une vision franco-française, c’est dur de dire qu’on va devenir une référence de la voile sans faire de courses au large. Par contre, quand on veut être une métropole internationale, il n’est pas du tout aberrant de miser sur l’inshore.
L’adversaire principale, c’est La Rochelle ?
La Rochelle a accueilli des grandes compétitions de dériveurs. La candidature de Hyères est très belle aussi avec 30 ans d’expérience de Semaine Olympique française. La grosse différence, c’est que Marseille est la deuxième ville de France. Si on veut que les épreuves de voile ne soient pas délocalisées dans un endroit où il n’y a pas de public, nous, on a mathématiquement 10 fois plus de spectateurs.
Sur le papier oui, mais les Marseillais aiment-ils la voile ?
(Rires) Les Marseillais aiment les grands événements. Ils n’aiment pas particulièrement la voile mais comme les autres sports à part le football. A chaque fois, il y a un vrai engouement populaire. On l’a vu avec les 2.600 ans de Marseille, l’arrivée de The Race, qui avait réuni énormément de monde, où Jean-Claude Gaudin n’en avait pas cru ses yeux, et Marseille, capitale de la culture. A chaque fois, ça se déroule sans incident et loin des clichés qu’on peut voir dans la presse.
Il y a 8.000 licenciés en voile à Marseille. Qu’est ce que des JO pourraient changer pour eux ?
Je suis convaincu que l’événement créé la politique. Les JO vont créer des infrastructures, derrière il va falloir avoir une politique de développement des activités nautiques pour les utiliser. Notamment pour la base nautique du Roucas Blanc qui sera complètement réhabilitée. Il y a déjà le Pôle France mais les conditions seraient bien meilleures.