FOOTBALLOM : Comment le fonds d’investissement Doyen Sports se rapproche doucement du club

OM : Comment le fonds d’investissement Doyen Sports se rapproche doucement du club

FOOTBALLEt si l'OM faisait de la place à un nouvel investisseur?...
Christine Laemmel

Christine Laemmel

Margarita Louis-Dreyfus et Vincent Labrune ont peut-être trouvé la solution aux difficultés économiques du club. Doyen Sports, investisseur privé et nébuleux, semble faire doucement son trou dans les affaires marseillaises. Alors que la dernière semaine de mercato intensifie les échanges entre agents, clubs, joueurs et fonds privés, 20 Minutes fait le point sur le rapprochement qui pourrait secouer la Commanderie, avec les éclairages de Pierre Rondeau, économiste du sport.

Qui est Doyen Sports ?

C’est un fonds d’investissement spécialisé dans le football (société de la holding Doyen Group) qui pratique le TPO (third-party ownership), c’est-à-dire, la tierce propriété. Doyen Sports (DS), basé à Malte, rachète une partie des droits d’un joueur, au club dans lequel il est sous contrat (exemple : 70 % le club + 30 % DS). Le club acquéreur peut ainsi acheter un joueur au-dessus de ses moyens (il ne rachète que les 70 % du club vendeur). Le fonds d’investissement récupère, lui, un pourcentage sur sa mise de départ, au moment de la vente du joueur. La pratique du TPO a été formellement interdite par la FIFA dans une circulaire mise en application le 1er mai 2015.

Pourquoi parle-t-on d’un rapprochement avec l’OM ?

En décembre 2014, Nelio Lucas, patron de Doyen Sports, indiquait dans une interview à Challenges, son intention de débarquer sur le marché français dès 2015. L’OM n’est certes pas le seul club de Ligue 1 en manque de liquidités. Mais plusieurs indices concordent vers une implication grandissante de l’entreprise à Marseille. A commencer par la venue de Doria, joueur appartenant au « catalogue » de Doyen Sports, comme explique Pierre Rondeau, économiste du sport. « Il n’avait aucune raison de venir à Marseille, pense Rondeau. Et il a été prêté à un club brésilien juste pour qu’il joue. » Car un joueur qui ne tourne pas, qui n’est pas visible, voit sa plus-value diminuer. Les dirigeants marseillais ont aussi traité avec DS, dans le cadre du transfert de Giannelli Imbula à Porto. Enfin, Michel, nouvel entraîneur de l’OM depuis le 19 août, appartient à la même écurie.

Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle pour le club ?

Pierre Rondeau opte pour le verre à moitié plein. « Des clubs qui ne roulent pas sur l’or, comme Marseille, peuvent acheter des joueurs moins chers que le prix du marché. » Une fois « acoquiné » avec un président, Doyen Sports peut aussi faire pression sur un club vendeur pour que le joueur rejoigne son partenaire. « Comme DS l’a fait avec Giannelli Imbula, qui a choisi le FC Porto (dont le fonds possède une partie) plutôt que Milan. » Les supporters aussi y trouvent leur compte, puisqu’ils voient débarquer des grands noms. Humainement, c’est plus compliqué. « Ça marche comme un catalogue, reprend l’économiste, le joueur devient un bien ». Et le fonds a tout intérêt à la revente rapide du joueur, avant que sa valeur ne chute. « Instabilité » des effectifs et « main mise » sur la gouvernance des clubs (comme ce fut le cas avec Doria) sont donc à craindre. C’est d’ailleurs ce qui aurait pu pousser Marcelo Bielsa, à quitter le club, avance un billet pertinent d’OMforum.

Que risquent les dirigeants ?

La circulaire de la FIFA prévoit une « interdiction de principe ». Le texte explique simplement que « la FIFA peut prévoir des sanctions disciplinaires envers les clubs ou joueurs » concernés. En l’absence de jurisprudence, les risques sont encore maigres. Les fonds d’investissement ont déjà prévu la parade. Acheter des parts du club pour rompre l’interdiction de tierce partie. En devenant propriétaire « même à 1 % », le fonds peut récupérer une partie des droits du joueur (et faire des bénéfices sur la revente) tout en respectant les règles de la FIFA. C’est ce qu’a déjà fait Doyen Sports avec le FC Porto ou le Milan AC. Et c’est ce qui pourrait, dans un futur proche, se tramer à Marseille.