Marseille: L'avenir de la SNCM en quatre questions
ECONOMIE•Le tribunal de commerce doit se prononcer mercredi sur un éventuel repreneur...Mickael Penverne
Le tribunal de commerce de Marseille doit se pencher une nouvelle fois mercredi sur l’avenir de la SNCM. Les juges sont censés désigner un repreneur à la compagnie en redressement judiciaire depuis novembre. Mais le tribunal pourrait à nouveau repousser sa décision.
1. Pourquoi un report est-il possible ?
D’abord, parce que les élus du comité d’entreprise ont rejeté les trois offres de reprise déjà déposées, dénonçant notamment des dossiers qui « ne comportent aucune garantie pour l’emploi ». Ensuite, parce que le procureur de la République, Brice Robin, a estimé lui aussi que ces offres étaient « insatisfaisantes » et a demandé, à son tour, le prolongement du redressement judiciaire afin d’organiser un nouvel appel à candidatures. Enfin, parce que deux nouvelles offres sont apparues à la dernière minute. « Dès lors que la situation a changé, le tribunal devrait logiquement repousser sa décision », estime Pierre Maupoint de Vandeul, de la CFE-CGC.
2. Combien d’offres de reprise existe-t-il ?
Le tribunal de commerce a, pour l’instant, trois offres sur son bureau : celle du transporteur corse Patrick Rocca, de l’armateur Daniel Berrebi et de l’ancien patron du port, Christian Garin. Mais il y a quelques jours, coup de théâtre. Le groupe Stef, propriétaire de La Méridionale, s’est dit prêt à jouer le rôle de « facilitateur » pour monter un « tour de table » afin de reprendre la compagnie. Le groupe envisage de déposer une offre qui concernerait « les secteurs Corse et Maghreb » en reprenant 800 salariés (sur 1 500) et pour un prix situé entre 15 et 20 millions d’euros. Contacté, le groupe Stef n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Une dernière offre est sortie du chapeau la semaine dernière. Elle émane cette fois d’un consortium corse qui rassemble huit entreprises pesant un milliard d’euros de chiffre d’affaires : Europcar Corse, Big Mat, Gedimat, Baticampo, Brasserie Pietra et Sedda. Le consortium s’est montré peu précis sur sa proposition mais, comme le groupe Stef, il demande au tribunal de commerce de reporter sa décision pour finaliser son dossier. « Ces deux offres pourraient être complémentaires », estime Pierre Maupoint de Vandeul.
3. Quand le repreneur pourrait-il être nommé ?
En principe, le tribunal de commerce a jusqu’au 28 novembre, date de la fin de la période d’observation. Mais la Commission européenne a demandé à la France d’accélérer le traitement du dossier. Dans un courrier adressé aux administrateurs et au gouvernement début juin, elle se dit prête à accepter un délai supplémentaire « d’un mois voire de deux mois » afin de « ne pas compromettre les efforts engagés aux fins d’une solution ». Mais pas davantage.
4. La saison estivale est-elle menacée ?
Même si les syndicats se sont montrés discrets, pour l’instant, la menace d’un conflit social plane encore à la veille de la saison estivale. La CGT avait mené l’année dernière une grève de 17 jours, catastrophique pour l’image de la compagnie. Le scénario va-t-il se répéter cette année ? Après un premier mouvement de 24 heures le 4 juin, la CGT a déposé un nouveau préavis reconductible à compter du 11 juin. La CFE-CGC a également déposé un préavis « pour une durée de 24 heures ». « Si le 11 juin, mis devant le fait accompli, ce premier mouvement (…) devenait inévitable (…), nous sommes d’ores et déjà préparés à l’organisation d’autres mouvements en cohésion avec l’intersyndicale de la SNCM dans un temps très court et sous des formes appropriées à la période », prévient la CFE-CGC dans son préavis. Selon Les Echos, les réservations pour cet été se sont effondrées : la moitié seulement des 300 000 billets émis auraient été vendus.