«1.336» jours de lutte donnent naissance à la marque des ex-Fralib
SOCIAL•Un an après la fin du conflit, les coopérateurs vont débuter leur propre production...Amandine Rancoule
L’éléphant en pâte à papier sommeille dans un coin de l’usine de Gémenos. Entre les étagères, pour l’heure vide, il profite d’un repos bien mérité, bercé dans des effluves de plantes. « Il en fait des kilomètres, sourit un ex-Fralib. C’est notre mascotte, on va la garder ». Et puis, il y a aussi l’autre Eléphant, celui de la marque Unilever, accroché à l’entrée du site. Lui, va être décroché. Fissa. Car les ex-Fralib commencent leur propre production de thé et d’infusion.
« Les ex-#Fralib après 3,5 ans de lutte et une année de transition dévoilent leurs nouvelles marques : 1336 et #ScopTI https ://t.co/O890uFTpOG — Emmanuel Riondé (@ManuRionde) May 26, 2015 »
La marque sera commercialisée à l’automne
« L’histoire retiendra que l’on a dévoilé la marque "1336" à 13h36, pour 1336 jours de lutte », plaisante, sous des applaudissements effrénés, Olivier Leberquier, le CGTiste devenu directeur général de la Société coopérative provençale des thés et infusions (Scop Ti). La marque 1336 est destinée à la grande distribution, celle de Scop Ti du nom de leur société, sera distribuée dans « la filière bio et les réseaux spécialisés ».
Sur les 182 salariés de Fralib au moment de la fermeture, 57 sont de la partie. Les coopérateurs vont travailler tout l’été pour que les produits puissent être commercialisés à l’automne. « On va acheter français quand c’est possible, on va produire du bio, on va utiliser des produits locaux », souligne Gérard Cazorla, lui aussi de la CGT et aujourd’hui président du conseil d’administration. Il y a une vingtaine d’années, la production de tilleul des Baronnies était de 400 tonnes. Aujourd’hui la production provençale de tilleul n’est plus que d’une dizaine de tonnes. »
« On veut juste faire vivre nos familles »
Pour cette année, les coopérateurs misent sur une production de 250 tonnes : 50 sous la marque « 1336 », 50 autres sous la marque « Scop Ti » et 150 tonnes devraient être produites sous des marques de distributeurs. Les ex-Fralib sont en discussion avec deux enseignes de la grande distribution. « Derrière un emploi, il y a bien souvent une famille entière, pense un coopérateur. Aujourd’hui, je suis heureux de reprendre enfin mon travail ici, de nourrir ma famille, d’être utile et de le faire dans ces conditions. »
Tous ont lutté pendant près de quatre ans contre Unilever pour empêcher la délocalisation de l’outil de production en Pologne. Alors l’histoire retiendra aussi les trois plans sociaux annulés par la justice, l’occupation jour et nuit de l’usine pour veiller sur les machines, et enfin l’accord final. Il y a un an, ils ont fait plier la multinationale, obtenant un accord de fin de conflit d’un montant de 19,26 millions d’euros pour monter leur marque.
« On est condamné à réussir. Aujourd’hui, on montre qu’il n’y a pas de fatalité : un autre système économique peut fonctionner, estime Olivier Leberquier. On ne veut pas devenir millionnaire, on veut juste créer des emplois et faire vivre nos familles. »