ENVIRONNEMENTBoues rouges: Le Parc national des calanques autorise les rejets liquides

Boues rouges: Le Parc national des calanques autorise les rejets liquides

ENVIRONNEMENTAltéo, l’usine de Gardanne, a le droit de rejeter ses eaux industrielles issues de la bauxite dans une fosse au large de Cassis…
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le conseil d’administration du Parc national des calanques a prolongé lundi en fin de journée de 30 ans la dérogation accordée à l’usine Altéo de Gardanne pour rejeter en mer des résidus liquides issus de la production de bauxite. «Le conseil d’administration a décidé d’autoriser ces rejets, mais avec des conditions fermes», a annoncé son président Didier Réault (UMP), adjoint au maire.

«Les risques, on ne les connaît pas»

Cette décision permet à l’usine Alteo d’effectuer des rejets contraires à la Convention de Barcelone de 1976 sur la protection de la Méditerranée.

«C’est dramatique, personnellement ça me choque beaucoup», a réagi après le vote Yves Lancelot, membre du conseil d’administration du parc, océanographe et ancien directeur de recherche au CNRS. «Les risques, on ne les connaît pas, c’est bien le problème, pour le moment, il y a des inconnues énormes», a-t-il poursuivi.

Les boues rouges

Depuis près de 50 ans, l’usine de Gardanne, un ancien site de production d’alumine de Péchiney et du géant minier anglo-australien Rio Tinto, racheté il y a deux ans par le fonds d’investissement américain HIG et renommé Alteo, bénéficie d’un droit à expédier ces résidus à 7 km au large de Cassis, dans le canyon sous-marin de la Cassidaigne, par 330 m de fond.

Au départ de l’usine, les rejets, dits boues rouges, empruntent un tuyau de 47 kilomètres, traversant 14 communes et le Parc national des calanques. Ils résultent du traitement de la bauxite, ce minerai de couleur essentiellement rouge, dont on extrait de l’alumine qui entre notamment dans la composition des écrans LCD ou d’abrasifs.

Selon le Parc national des calanques, quelque 20 millions de tonnes de ce mélange d’eau, de soude et de métaux lourds ont ainsi tapissé les fonds marins depuis 1966 et la première autorisation préfectorale.

Evacuer l’eau

Ces rejets solides devraient disparaître d’ici au printemps grâce à un changement de processus de production dans l’usine Alteo de Gardanne. Mais il faudra toujours évacuer l’eau.

Si le groupe ne respecte pas ses engagements, «nous avons la possibilité de tout stopper, un arrêté peut être pris en ce sens par le préfet», a aussi fait valoir Didier Réault, assurant que les rejets allaient en outre massivement diminuer, soit de l’équivalent de «2.000 camions par an à deux camions par an».