Yemenia: L'indemnisation des proches des victimes au tribunal
PROCES•En juin 2009, 152 personnes, dont plusieurs habitants de Marseille, sont décédées dans cet accident d’avion…Amandine Rancoule
La salle est pleine à craquer. Malgré la forte chaleur, personne ne se plaint. On s’évente avec une feuille, un chapeau, un cahier. La clim marche mal. «Elle est à 15 degrés ou à 25. Mais aujourd’hui, c’est 25», s’excuse d’avance la présidente. Depuis ce lundi matin, le tribunal de grande instance d’Aix-en-Provence examine les demandes d’indemnisations des familles des victimes du crash de la Yemenia.
Le 30 juin 2009, l’accident au large des Comores a causé la mort de 152 passagers et membres d’équipages, dont une partie de la communauté comorienne de Marseille. Seule Bahia, une jeune fille alors âgée de 13 ans a survécu, après avoir passé 13 heures dans l’eau accrochée à un débris de l’appareil. Sa mère, elle, est décédée dans le crash.
Préjudices subis
Aujourd’hui, les juges doivent arbitrer les préjudices subis. Les avocats demandent 150.000 € en moyenne, selon le lien de parenté avec la victime. «Après avoir travaillé cinq ans sur ce dossier, nous sommes presque gênés et honteux de demander si peu, raconte un des avocats des familles, Gérard Montigny, à la barre. N’est ce pas finalement totalement insuffisant?».
«On ne peut pas chiffrer la vie d’un être humain. Quand on parle d’indemnisations, on trouve que c’est ridicule. Tout ce que la Yemenia peut débourser sera toujours dérisoire», estime Mmadi Fatouma, qui a perdu une sœur et trois neveux dans l‘accident.
«Bahia va bien»
«Quelle que soit la somme, elle ne rapportera pas nos familles et j’aurais préféré rester avec ma femme. On était toujours à deux. Aujourd’hui, je suis avec les enfants, sans leur maman, indique aussi Kassim Bakari, le père de Bahia.
En première année de médecine à Créteil, elle a fait sa rentrée ce lundi. «C’est le premier jour de son entrée à l’université c’est important qu’elle y participe. Bahia va bien, elle n’a pas pu être là mais c’est important pour elle, pour sa maman».
Le procès devait reprendre dans l’après-midi avec les avocats de la Yemenia. «Peut-être un début de réponse», espère un homme, dans la salle des pas perdus. Comme les autres familles, il veut «comprendre ce qui s’est passé». Comme Mmadi Fatouma. «Nous voulons que la compagnie reconnaisse ses torts, nous indemnise. Et que nos morts puissent reposer en paix».