«La police est devenue un producteur d'affaires»

«La police est devenue un producteur d'affaires»


Pour lutter contre l'insécurité, le gouvernement a créé les zones de sécurité prioritaire (ZSP). Marseille en compte deux : une au nord et l'autre au sud. En janvier, Manuel Valls a dressé un 1er bilan chiffré. Pour la ZSP nord, les violences aux personnes sont en baisse de 17 % et les atteintes aux biens de 15 %, tandis que pour la ZSP sud, cette baisse est de 10 % pour les violences et de 15 % pour les atteintes aux biens. Des chiffres qui ne convainquent pas Serge Supersac, chercheur associé à l'Observatoire régional de la délinquance et des contextes sociaux (ORDCS). Selon lui, les ZSP ne répondent pas à la préoccupation principale des habitants : la tranquillité publique. «Que veulent les citoyens ? Garder les quatre roues de leur voiture pour aller au boulot et ne pas se faire cambrioler pendant la journée, explique-t-il. Or la police n'est pas capable de traiter ces affaires. On lui demande de faire du chiffre. Elle est donc passée de l'état de régulateur de la paix publique à l'état de producteur d'affaires. Si vous n'êtes pas une victime ou un délinquant, vous n'intéressez pas la police.»

Pour Serge Supersac, il faut donc rapprocher le citoyen de la police, créer du lien. Et il prend l'exemple de l'Unité de prévention urbaine (UPU), un service unique en France, basé à Marseille. Selon lui, cette unité aurait désamorcé de nombreux conflits dans les quartiers dits sensibles. Problème : elle ne compte qu'une dizaine de fonctionnaires.

Dans les ZSP, plus de 71 000 personnes ont été contrôlées en 2013.