La Méditerranée submerge la roche

La Méditerranée submerge la roche

art Le site des Carrières de Lumière des Baux propose un nouveau spectacle à partir de vendredi
amandine rancoule

amandine rancoule


Le jeu en vaut la chandelle. Mais il faut s'armer de patience tant la route est sinueuse jusqu'aux Carrières de Lumière. Vers le nord, elle suit le Val d'Enfer. Le décor de La Divine Comédie de Dante en serait inspiré. Des années plus tard, Cocteau y réalise Le testament d'Orphée. Cette année, l'immersion dans l'histoire de l'art se poursuit aux Carrières avec le spectacle multimédia* «Monet, Renoir… Chagall. Voyages en Méditerranée». Après Van Gogh et Gauguin en 2012, le spectateur plonge dans la Méditerranée, via la peinture de la deuxième moitié du XIXe siècle, de l'impressionnisme au fauvisme en passant par le pointillisme.

Seize peintres, d'influence picturale différente, font entrer la mer dans les entrailles de la roche. «A partir du PLM, Paris-Lyon-Méditerranée, les Parisiens descendent dans le Sud et découvrent la Méditerranée, explique Gianfranco Iannuzzi, réalisateur du spectacle avec Renato Gatto et Massimiliano Siccardi. Avant, la côte n'était faite que des petits ports méconnus.» Les 600 tableaux, ingénieusement arrangés sur de la musique d'époque, dansent sur le sol et les 7 000 m2 de parois portant encore les stigmates des carriers. Près de 80 vidéos projecteurs mettent en mouvement les images. Au total, dix mois d'arrangement ont été nécessaires.

«Travailler sur autant de peintres est complexe, souligne Gianfranco Iannuzzi, déjà réalisateur du premier spectacle. Il faut écrire un scénario, un fil rouge, et ensuite mettre le film sur les parois. Au cinéma, l'écran est plat, ici, il faut penser aux différents angles de vue, car le visiteur peut se déplacer à sa guise.» Comme un hommage à Marseille, Vernet ouvre le bal sur le port puis entraîne le spectateur vers Les Nymphéas de Monet, flottant sur une musette parisienne. Puis viennent les canotiers de Renoir et bientôt les coups de crayon pointilleux de Signac ou de Cros. Surgissent ensuite les couleurs fauves de Camoin et de Friesz. Puis la Danse se referme peu à peu sur Matisse, qui à la couleur préfère la forme. Enfin, les célèbres Amoureux de Chagall s'envolent, inondés d'un bleu profond. Le bleu de Provence, celui du ciel de Saint-Paul-de-Vence, celui de la Méditerranée, dansante sur les rivages clairs.