Sept jours sous terre
art contemporain Un artiste expérimente l'enfermementcaroline delabroy
C'est un rendez-vous à présent rituel. Une fois par an, la galerie HO lance un appel à projets baptisé « Labo HO », en vue d'une exposition de rentrée. « Le principe est de penser et de créer une œuvre in situ, dans ce contexte d'exposition particulier qui mêle à la fois une galerie et une librairie », explique Gilles Desplanques, le fondateur du lieu avec sa compagne Nadia. Cette année, le projet présenté par l'artiste Abraham Poincheval a emporté le choix du jury.
Voyage intérieur
Son idée ? Creuser un trou à sa taille dans le sol, s'y enfermer pendant sept jours, soit 604 800 secondes, le nom donné à l'exposition, puis le recouvrir d'un lourd rocher d'environ une tonne. A l'intérieur se trouve le minimum vital pour boire et manger. Et donc des livres. Une caméra est aussi embarquée. Les images sont projetées à l'extérieur durant toute cette semaine passée sous terre. L'enfermement a lieu jeudi soir. Pour l'heure, le visiteur curieux peut découvrir le fameux trou, où un homme peut juste tenir assis ou debout. Un croquis de son aménagement accroché au mur ainsi que le « caillou » qui provient de carrières de La Ciotat, sont également exposés. « Cette pierre représente la chose qui ferme, le poids du monde, et l'espace interne une sorte de capsule spatiale, détaille Abraham Poincheval. Il arrive souvent de ne plus bien savoir où l'on est quand on lit ». Le dispositif impressionne. Apparemment pas claustrophobe pour un sou, l'artiste se défend d'être l'objet principal de cette expérience, qu'il ne veut pas sensationnaliste. Il s'est préparé à la perte de repères en échangeant avec l'explorateur Michel Siffre. « Je conçois ce temps comme un voyage terrestre intérieur, explique-t-il. Ma démarche est de savoir par moi-même ce qu'il en est du monde, un peu à la manière du Candide de Voltaire ». C'est ainsi sans public qu'il ressortira du trou. A huis clos.