ASSE: Cinq choses que vous ne savez pas encore sur le nouvel entraîneur stéphanois Oscar Garcia
FOOTBALL•Double champion d’Autriche en titre avec le Red Bull Salzbourg, Oscar Garcia (44 ans) vient de s’engager officiellement jeudi avec les Verts. « 20 Minutes » vous présente ce coach très marqué par le Barça de Johann Cruyff…Jérémy Laugier
L'essentiel
- Déjà champion comme entraîneur en Israël puis en Autriche, Oscar Garcia va relever un challenge de taille en succédant au très long passage de Christophe Galtier (près de huit ans) sur le banc de l’ASSE
- Très inspiré du jeu offensif du Barça, où il a été formé avant d’y côtoyer Johann Cruyff avec les pros, Oscar Garcia présente un étonnant parcours d’entraîneur en rejoignant son cinquième club professionnel depuis 2012, et son quatrième pays
Après un mois assez hallucinant avec une vingtaine de rumeurs, la lourde succession de Christophe Galtier (entraîneur de décembre 2009 à mai 2017) a été officialisée jeudi par la direction stéphanoise. L’heureux élu, l’Espagnol Oscar Garcia, n’est pas encore bien connu du public français. 20 Minutes vous présente donc en cinq points essentiels l’ancien coach du Red Bull Salzbourg, qui s’est engagé jusqu’en 2019 avec l’ASSE.
Il était bien dans les premiers choix des dirigeants stéphanois. De l’extérieur, on peut avoir l’impression qu’Oscar Garcia a rejoint Sainté par le même trou de souris qui avait permis à Laurent Blanc de s’installer sur le banc du PSG en 2013. Le coprésident des Verts Bernard Caïazzo a pu entretenir ce doute, mardi sur RMC, en confiant que la piste Claudio Ranieri n'avait pas été retenue « pour des conditions financières » et qu’Antoine Kombouaré, Claude Puel (encore lié à Southampton à ce moment-là) et surtout Patrick Vieira ne pouvaient être libérés par leur club.
En interne, on nous assure pourtant ce vendredi qu'« Oscar Garcia faisait bien partie dès le départ de la short list des entraîneurs ciblés ». « Mais comme il était lui aussi sous contrat, l’ASSE ne pouvait pas se permettre de ne pas explorer parallèlement d’autres profils », poursuit cette source au sein du club. Rien ne permet donc d’indiquer que Kombouaré, Puel et Vieira seraient passés devant l’entraîneur catalan (et francophone) aux yeux de Roland Romeyer et de Bernard Caïazzo.
Ses idées de jeu sont totalement marquées par le Barça. Né il y a 44 ans à Sabadell en Catalogne, Oscar Garcia a tout connu au FC Barcelone : la Masia dès l’âge de 11 ans, l’équipe réserve puis 69 rencontres en six saisons comme attaquant du grand Barça (de 1993 à 1999). « C’était un joueur très fort techniquement, avec une excellente vision de jeu, décrit Alain Valnegri, journaliste notamment pour BeIN Sports en Espagne. Il était peut-être juste un peu trop lent et trop timide pour vraiment s’imposer au plus haut niveau. » Au vu de ses deux buts autrement plus sublimes que celui de Ronaldo ci-dessous, on peut estimer qu’il avait un brin de talent dans les pieds.
Sa carrière d’entraîneur, démarrée de 2010 à 2012 auprès des U17, U18 et U19 du Barça, a forcément été influencée par son identité blaugrana. Tout comme ses ex-coéquipiers Pep Guardiola, Luis Enrique, Michael Laudrup et Ronald Koeman, il reconnaît poursuivre la révolution mise en place par Johan Cruyff en Catalogne. « Nous essayons d’enseigner à nos joueurs ce qu’il nous a appris », explique-t-il. Pour le blog Siempre Futbol, Oscar Garcia annonce notamment : « Mon obsession est d’attaquer et d’avoir la balle autant que possible. Si nous avons le ballon, nous aurons beaucoup de chances de marquer et de gagner. C’est ma philosophie. » Ce n’était pas foncièrement celle de l’ASSE durant près de huit ans d’ère Galtier.
« C’est n’est pas un adepte absolu du jeu de possession, nuance Adrien Mathieu, rédacteur pour le site Footballski et spécialiste du championnat autrichien. C’est un gagneur et il fera tout pour l’emporter au final. Il lui arrivait de battre des adversaires bien faibles avec seulement 50 % de possession. Après il n’a jamais eu d’Iniesta ou de Messi dans ses équipes. » Ce n’est pas cet été que cela va changer.
Comme joueur, « il avait un peu lâché » aux côtés de Luis Fernandez. Tout comme son ami et célèbre « fils de » Jordi Cruyff, Oscar Garcia a la particularité d’avoir évolué dans l’autre club de Barcelone, l’Espanyol, de 2000 à 2004. Lors de sa dernière saison au club, il a fait la connaissance d’un certain Luis Fernandez, venu pour une opération sauvetage en Liga assez miraculeuse. Contacté par 20 Minutes, l’ancien entraîneur du PSG n’a pas été spécialement tendre.
« « Oscar Garcia était effacé dans le groupe et dans une situation d’échec sportif. Je ne l’ai pas senti investi dans la survie du club. Pendant ce temps, Tamudo marquait but sur but et Oscar a un peu lâché. A cette époque, je ne sentais pas en lui un meneur d’hommes ni même un joueur de caractère. Il a pu être marqué par le Barça mais tout le monde n’arrive pas à appliquer cette philosophie de jeu ensuite. Regardez Michel, il avait l’image du Real Madrid et on a vu ce que ça a donné à Marseille. Comme l’Autriche n’est pas le championnat le plus exposé, j’attends de le voir en Ligue 1. » »
Il a aussi bourlingué en Angleterre, où il avait sa chanson de supporters. Parmi ses principales références comme coach, Oscar Garcia a été sacré champion d’Israël en 2013 avec le Macabi Tel Aviv, qui restait alors sur dix ans de disette. Dans la foulée, il a enchaîné deux expériences en Angleterre. Tout proche de faire monter Brighton en Premier League, avec une demi-finale de play-offs, il y était très apprécié des supporters.
Ceux-ci lui ont même consacré un chant, où il y est question de sangria et… de la barbe du Pierrafeu Barney Rubble/Laroche. L’aventure tourne plus court à Watford (2e division anglaise) puisqu’il n’y reste entraîneur que 27 jours, contraint d’arrêter pour des raisons de santé.
Contrairement aux apparences, ce n’est pas un mercenaire. Avec l’ASSE, Oscar Garcia va connaître son cinquième club depuis 2012. Pour autant, l’auteur de deux doublés consécutifs (Coupe-championnat) en Autriche, qui n’a jamais été limogé, ne semble pas être un mercenaire. « Je suis persuadé qu’il rejoint Saint-Etienne pour se projeter sur la durée et pour y changer la philosophie de jeu », indique Alain Valnegri.
« Il connaîtra très bien l’histoire de Saint-Étienne en arrivant, assure même Adrien Mathieu. Il aime s’imprégner de l’histoire du club, de son identité et des relations avec ses supporters. C’est quelqu’un de doué dans sa communication et je le trouve aussi pragmatique qu’un Sergio Conceiçao. » Le Chaudron serait comblé qu’il ait le même impact immédiat dans le Forez que le Portugais au FC Nantes.