CINEMA«Ma vie de Courgette» sacré meilleur dessin animé aux Golden Globes?

Golden Globes: «Ma vie de Courgette» sera-t-il sacré meilleur dessin animé?

CINEMACe film d’animation, fabriqué à la main dans la région lyonnaise, sera en concurrence dimanche avec quatre géants américains…
Ma vie de Courgette de Claude Barras
Ma vie de Courgette de Claude Barras  - Ritaproductions/Gébéka
Caroline Girardon

C.G. avec AFP

Ma Vie de Courgette, petite perle du film d’animation, qui a connu une incroyable success story dans les salles obscures ces derniers mois, va-t-elle rafler un Golden Globe ? Réponse dimanche soir à Los Angeles.

Fabriqué à la main en région lyonnaise, le dessin animé fait figure d’ovni à côté des quatre superproductions américaines en compétition avec lui. Depuis qu’il a été présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, Ma Vie de Courgette, réalisé par le Suisse Claude Barras, enchaîne les prix et pourrait même être nominé aux Oscars.

« On ne voulait pas d’un film ultra-léché »

« Claude a absolument voulu garder le côté artisanal, on ne voulait pas d’un film ultra léché. On voit les empreintes sur les marionnettes, la lumière n’est pas numérique, les choses ne sont pas lisses », explique Marianne Chazelas, première assistante réalisateur qui vit à Lyon.

« Sa force, qui peut être une faiblesse, est qu’il parle des choses directement, à l’opposé de certains films pour enfants où l’on enrobe tout », enchaîne Marc Bonny, à la tête de Gebeka Films, distributeur et coproducteur lyonnais qui a décollé à la fin des années 1990 avec Kirikou.

Incroyable justesse

Oui, Courgette tue accidentellement sa mère ; oui, il est placé dans un orphelinat ; oui, ces enfants sont maltraités et cabossés mais il en émane une incroyable justesse et délicatesse sur les sentiments de l’enfance.

Ce supplément d’âme tient certainement à ces poupées dont les visages hypertrophiés en résine s’animent. Grâce à leurs gros yeux, les animateurs ont pu faire bouger leurs regards à la main, sans utiliser de petits outils, genre pince à épiler, qui désincarnent parfois les personnages.

Tout fait à la main

Presque tout, d’ailleurs, a été fait main : les marionnettes dans l’atelier savoyard de Grégory Beaussart ; les costumes cousus et tricotés dans les ateliers suisses Gran’Cri et Nolita, les nuages en laine de mouton, la neige en flocage de velours.

Le tournage a débuté à Lausanne, avec les voix d’enfants amateurs. Pour plus de spontanéité, l’équipe décide de les mettre en situation et en interaction, plutôt que de les enregistrer séparément. « On les a filmés, leurs attitudes donnant ensuite de précieuses indications aux animateurs pour donner aux marionnettes les bonnes expressions », explique David Toutevoix, le chef opérateur.

Seulement 30 secondes tournées par jour

S’ensuit un travail titanesque en « stop motion », technique d’animation image par image. Dix mois de tournage au Pôle Pixel de Villeurbanne, en banlieue lyonnaise, lieu de création qui offre 5.000 m2 de studios.

Car pour boucler une seconde de film, il faut 24 images, en bougeant les figurines millimètre par millimètre pour accomplir un mouvement. Seulement 30 secondes utiles sont tournées par jour, quatre secondes par animateur, la crème du métier, certains ayant tourné avec Tim Burton ou Wes Anderson.

Le Petit Poucet dans la cour des grands

Aujourd’hui, alors que le film a déjà enregistré plus de 680.000 entrées en France et doit prochainement sortir aux États-Unis. Un Petit Poucet auréolé d’une reconnaissance incroyable. Même le créateur du studio Aardman, Peter Lord, rendu célèbre pour son Wallace et Gromit, s’est fendu d’une vidéo pour dire tout le bien qu’il pense du travail de Claude Barras.

Une prouesse d’autant plus étonnante que la Suisse restait « traumatisée » par le désastre de Max & Co en 2007 et qu’en France, le dernier film réalisé en stop motion remontait « aux années 1930 », rappelle Marc Bonny. Mais la Courgette fera-t-elle le poids au pays de Disney, en compétition avec Zootopie et Vaiana ?