Le beaujolais veut sortir du rouge
BEAUJOLAIS NOUVEAU•Le vin primeur, dont on célèbre ce mercredi soir l’arrivée, est englué dans une crise économique depuis une quinzaine d'années...Caroline Girardon
Sortir de la crise et se réinventer. Tel est le challenge auquel se trouvent aujourd’hui confrontés les viticulteurs du , englués dans des difficultés économiques depuis une quinzaine d’années. Alors que le millésime 2016 du beaujolais nouveau arrive sur les comptoirs ce mercredi à minuit, les professionnels se disent confiants dans l’avenir.
a« Pour la première fois depuis bien longtemps, les ventes à l’international sont reparties à la hausse cette année (+1,49 %) », explique Jean Bourjade, délégué général d’.
« Il y a six, sept ans, on a observé un début d’embellie qui commence seulement à se traduire maintenant dans les chiffres. Après avoir été fortement stigmatisé, le beaujolais connaît à nouveau une période de grâce. Sa réputation et son image de mauvais vin ont changé », poursuit le vigneron.
Le primeur est considéré comme un produit de luxe français à l’étranger. Au Japon, le groupe Lacoste par exemple, n’hésite pas à s’afficher à ses côtés lors de son lancement. Ce qu’il se garde bien de faire au sein de l’Hexagone, où le « marché reste encore le plus dur à séduire ».
« On a connu une période semblable aux 30 glorieuses. Des années 70 à 90, on a planté beaucoup d’hectares pour faire face à la demande qui explosait. Mais sur la fin des années 90, l’effet de mode s’est estompé », enchaîne Jean Bourjade.
Des ventes qui chutent de moitié en l’espace de dix ans
Résultat : la production de primeur a été bien plus importante que les besoins du marché, la consommation a fortement chuté et des centaines de milliers de pieds de vignes ont été arrachées. En l’espace de dix ans, les ventes ont chuté de moitié, passant de 1,4 million d’hectolitres à 750.000 par an.
Pour refaire surface, l’Inter Beaujolais mise désormais sur l’ensemble de ses vins, particulièrement les crus, qui se portent économiquement bien. « On oublie souvent que le beaujolais nouveau concerne seulement un tiers du vignoble. Les vins de garde ont un très bon rapport qualité-prix et sont méconnus », conclut-elle.
Vente directe
Mais pour Isabelle Perraud, viticultrice bio du Domaine , la solution est ailleurs. Elle et son époux ont fait le pari il y a 15 ans de se lancer dans la production de vins naturels, abandonnant le beaujolais traditionnel et le négoce.
« On avait subi une année catastrophique au cours de laquelle on n’avait pas vendu du tout nos productions. A la suite de ça, on a décidé de vendre nous-même nos vins et de sortir ainsi du marché conventionnel, où les prix sont bradés. On a fui la grande distribution et les centrales d’achat. Comment voulez-vous valoriser des vins de garde vendus à cinq euros la bouteille ? », s’interroge-t-elle estimant que la « vente directe est forcément une solution » pour sauver le vignoble.