REPORTAGEAttentat en Isère : «Les vitres et les murs ont tremblé, puis plus rien», racontent les témoins

Attentat en Isère : «Les vitres et les murs ont tremblé, puis plus rien», racontent les témoins

REPORTAGEDes voisins aux abords de l’usine racontent la peur qui les a saisis…
Caroline Girardon avec F.V.

Caroline Girardon avec F.V.

De notre envoyée spéciale

Delphine habite à Villefontaine, à 5 km de l’usine Air Products, où a eu lieu l’attentat ce vendredi à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère. « J’étais au travail ce matin. J’ai reçu des alertes sur mon téléphone, raconte-t-elle. J’étais surprise parce que je passe souvent devant cette usine. On voit les bonbonnes de gaz situées au bord de la route. Ce qui me fait dire que le site n’était pas si sécurisé que ça : ce n’est pas rassurant qu’elles soient si proches, et que des gens mal intentionnés aient pu entrer comme ça sur le site ».

« On se demande ce que ces gens-là viennent faire ici, ajoute-t-elle. Je ne pensais pas que c’était un endroit où on pouvait voir ça un jour. » A ses côtés, Pauline, sa fille de 20 ans, renchérit : « Je pensais que ça ne pouvait arriver que dans des grandes villes comme Paris ou Lyon ». Aujourd’hui, elle se sent « moins en sécurité. Ce matin je devais travailler dans le jardin, mais je n’ai pas osé mettre le nez dehors. »

« On ne comprenait pas ce qui se passait »

Christelle, Nathalie et Aurélie sont en pause déjeuner dans une zone commerciale voisine. Toutes trois travaillent au service administration de l’entreprise Uponor, située à 100 mètres de l’usine Air Products. Elles ont entendu « une grosse déflagration vers 9h30, 9h45 ». « On a pensé à un avion supersonique qui franchissait le mur du son, raconte Christelle. Les vitres et les murs de l’usine se sont mis à trembler, puis plus rien. On s’est remises à travailler, et dix minutes après, on a entendu les sirènes des pompiers et de la police. »

A 11h, elles sont sorties de l’entreprise. « Tout le monde avait été évacué sauf nous », relève Nathalie. Aucune consigne ne leur avait été donnée. Leur patron leur a en revanche annoncé qu’il fermait l’usine l’après-midi.

EN DIRECT. Attentat en Isère : La personne décapitée était un chef d’entreprise du Rhône… La compagne du suspect témoigne…

« C’était un peu dur, dit Nathalie. On ne comprenait pas ce qui se passait, on n’avait pas d’infos. De là où on était on ne voyait pas l’usine, pas de fumée, mais on entendait le bruit des sirènes. »

« Sous le choc », les trois collègues ont vécu le drame « un peu dans leur bulle ». « On débriefera ce soir, dit Christelle. D’ailleurs on est un peu bêtes d’être venues déjeuner ici, parce qu’on ne sait même pas où est le deuxième suspect [il a été placé en garde à vue depuis] ».

Elle ne se dit pas surprise qu’un terroriste ait pu frapper ici. « Dans la région il y a déjà eu des affaires impliquant des personnes radicalisées parties faire le djihad », explique-t-elle.

«La situation devient inquiétante»

Patrick Margier, le maire de la commune voisine de La Verpillière, a lui aussi entendu une forte déflagration, « sans être plus surpris que ça car on est sous un couloir aérien et proche d'une autoroute. Les pompiers m'ont ensuite appelé. » Participant régulièrement à une cellule de veille anti-radicalisation avec les gendarmes et les enseignants, il dit constater une «radicalisation de certaines communautés. Depuis quelques années, la situation devient inquiétante.»

Même inquiétude chez Gérard, un retraité de La Verpillière : « J'ai peur pour mes petits-enfants, ça peut arriver à l'école. Ces gens n'ont peur de rien aujourd'hui.»